Iron Roman - Le récit de mon Ironman

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mardi 27 septembre 2016

Rock’n Roll Marathon – Montréal


Le 25 septembre 2016

J’étais très nerveuse la veille du marathon car avec une température annoncée tournant autour de 5 degrés au départ, je ne savais pas trop comment m’habiller. Chandail  long ? Camisole ? Harm-warmers ou non ? Bas de compression ? J’étais très indécise car coquette et superstitieuse, je voulais porter ma camisole rose ! N’avais-je pas remporté une médaille en avec elle ?

Le matin de la course, j’ai donc enfilé ma fameuse camisole, mes bas de compressions et un chandail pour me tenir chaud avant le départ et que je projetais abandonner sur le trajet. Je me suis préparé un sac de vêtements chauds pour me changer après la course et que je déposerais à la consigne. J’en ai profité pour glisser à l’intérieur une couverture thermique. Je projetais la mettre sur mes épaules avant la course pour me protéger du vent et me garder au chaud. Mais petit hic, trop nerveuse, j’ai oublié de la prendre avant de remettre mon sac ! Changement de dernière minute, je  troque les bas de compressions pour des petits bas courts auxquels mes orteils sont  plus habitués. Je ne veux pas prendre de chance, mieux vaut porter des vêtements que j’ai déjà enfilés lors de mes longs entraînements.

Je me dépêche car j’ai peur d’arriver en retard pour la photo de groupe de mon club de course prévue à 7h40. Je rejoins donc mes amis coureurs et on m’offre gentiment un imperméable en plastique pour me protéger du vent. Que je suis contente ! Je me déplace ensuite vers mon corral.

Aujourd’hui, je suis bien déterminée à atteindre 2 objectifs : courir mon marathon en 3 :30 :00 et gagner la médaille de bronze dans mon groupe d’âge. J’ai vérifié les chronos de l’an dernier et je pense que j’ai une chance. Je vais la tenter !

Arrivée dans mon corral, le numéro 3, je rencontre ma copine Roxane avec qui j’ai couru à Ottawa. Elle m’invite à tenter 3 :25 :00 avec  elle. Sa compagnie me ferait plaisir, mais je préfère m’en tenir à mon plan initial. On se quitte donc alors qu’elle s’éloigne dans le corral numéro 2.

Je trouve ensuite facilement mon lapin. Il s’appelle Denis et me semble bien s sympathique. Il nous explique sa stratégie. Courir la première moitié plus rapidement afin de mettre du temps en banque pour les faux plats traîtres de la deuxième moitié. Il semble bien connaître le parcours. Ça me met en confiance.

Quelques minutes avant le départ, j’abandonne  mon imperméable de plastique puis décide de retirer également mon chandail. Me voilà en camisole, exposée aux vents, par 5 degrés. Je me mets rapidement à claquer des dents et à trembler comme une feuille.

Enfin, c’est le départ. Je pense à mon frère René qui se bat contre la dépression et je décide de courir pour lui. À chaque fois que je verrai une pancarte indiquant un kilomètre, je penserai à lui.

Les deux premiers kilomètres demandent beaucoup de concentration. Il y a tellement de coureurs que j’ai peur de m’enfarger dans les pieds des autres ou de perdre mon lapin de vue. Du calme, tout va bien !
Ensuite, les kilomètres s’enfilent rapidement. Je refuse d’évaluer comment je me sens. Je préfère me distraire en écoutant ma musique et le bruit des pas autour de moi. J’apprécie les encouragements de notre lapin (il semble y avoir un gros groupe qui le suit) et je l’écoute quand il nous donne des conseils.

Au 7e kilomètre, il y a un point d’eau et un de mes collègues s’y trouve avec sa fille en tant que bénévole. Je le cherche des yeux mais dans le brouhaha, je n’arrive pas à le localiser.

Au 10e kilomètre,  nous avons engrangé 1 min 10 d’avance sur notre temps de passage. Mon ischion gauche fait des siennes. Je le sens raide mais ma foulée demeure bonne et mon rythme également. Alors je refuse de m’inquiéter.

En arrivant dans le Vieux Port, je sais que les côtes s’en viennent. Rien de dramatique à mon avis, même concernant la côte Berry. J’ai vu pire cet été ! Le moral est bon, tout va bien et il y a de l’ambiance autour de nous. On approche ensuite du Parc Lafontaine et on sent une différence lorsque les demi-marathoniens quittent le parcours pour se diriger vers leur fil d’arrivée. On a plus de place pour courir !

Au 21e km, nous avons 1 min 20 d’avance. Et comme dit un coureur : « C’est maintenant que le marathon commence ». Tranquillement, je me place devant mon lapin mais je le surveille dans mon angle mort.
Au 28e km, l’énergie descend mais je refuse d’y accorder de l’attention. Mon troisième gel fait bientôt effet et au 30e km, j’ai comme un deuxième souffle. On dirait que ça va mieux. Good. Tranquillement, je distance mon lapin. Il a probablement commencé à ralentir. Moi aussi. Au 32e km, mon avance est descendue à 30 secondes. Je dois maintenir le cap. Il ne me reste que 10 km. Une cinquantaine de minutes de plus et je franchirai le fil d’arrivée.

Je me mets à me poser des questions. Pourquoi je cours un marathon ? C’est souffrant !

De plus en plus, je dépasse des marathoniens qui marchent ou qui sont arrêtés, pliés en deux. Le flot de coureurs s’est étiré. J’ai de l’espace autour de moi pour courir, mais je me sens un peu plus seule aussi. Tout à coup, j’entends mon nom. Ma collègue Laëtitia est sur le bord de la rue et m’encourage. Je dévie mon trajet pour aller lui taper dans la main. Ça fait du bien. Elle me dit qu’elle sera là lorsque je repasserai. Je ne suis plus seule ! Et comme promis, elle est là lorsque je repasse plusieurs kilomètres plus tard.

Mon énergie descend. Au 40e km, je fais des calculs dans ma tête. Ma vitesse tourne autour de 5 min 15 / km. Mon chrono indique près de 3 :20 :00. Hummm… Vais-je atteindre mes objectifs ? Le lapin de 3 :30 :00 va-t-il me rattraper ou pire, me dépasser ?

Heureusement, plus je m’approche du fil d’arrivée, plus il y a de l’ambiance. Au dernier tournant, je stimule la foule en appelant leurs encouragements.

Je pense à mon frère une dernièrre fois. Puis enfin, c’est la fin.

3 :30 :35.

Est-ce la fatigue ou la joie d’avoir complété mon 8e marathon ? Je ne sais pas, mais j’ai un petit sanglot lorsqu’un jeune bénévole me passe ma médaille de finisher dans le cou !

Quelques pas après avoir franchi le fil d’arrivée, on me tape sur l’épaule. C’est mon cousin Simon qui m’a reconnue dans la foule. Il a franchi le fil d’arrivée 15 secondes avant moi!

Quelques instants plus tard, j’aperçois mon lapin. Je ne peux m’empêcher d’aller le remercier chaleureusement et de le prendre dans mes bras. Merci ! Merci Denis !

Je me rends ensuite vers la tente où sont distribués les manteaux de l’événement donnés à chaque marathonien qui a complété l’épreuve puis je me dirige vers les autobus chercher mon sac de vêtements chauds.

Puis enfin, je prends le temps de regarder les résultats.

Fébrile.


Médaille de bronze dans mon groupe d’âge !


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