Iron Roman - Le récit de mon Ironman

Pour lire le compte-rendu de mon expérience à Lake Placid le 26 juillet 2009, cliquez ici.












Pour voir le "Photo Roman" de mon Ironman, cliquez ici.





jeudi 30 octobre 2008

Championnat du monde à l'agenda!

Ça y est! Éric et moi venons de recevoir notre confirmation : nous ferons tous les deux partie de l'équipe canadienne groupe d'âge au prochain Championnat du monde de duathlon.

J'étais tellement nerveuse quand Éric m'a dit qu'il avait reçu un courriel de Triathlon Canada que je n'arrivais pas à comprendre ce qui était écrit. En fait, c'était normal de ne rien comprendre... Voici le contenu du courriel en français :

Chers athlètes, Je suis heureux de vous informer que qu'après révision des enregistrements et de l'évaluation roulez-vers le bas la liste, vous ont reçu une tache sur Équipes des Championnats du monde Duathlon de catégorie d'âge 2009 .

Veuillez se rendre compte que pour ces athlètes qui ont fourni le même email pour deux membres de famille différents, vous pouvez recevoir cet email deux fois. Si cet email est reçu deux fois il signifie que les deux members de famille avez gagné une tache.

Si vous avez n'importe quelles questions, veuillez ne pas hésiter à me contacter.


Mon amoureux, on a un an pour se préparer!

mardi 28 octobre 2008

Niagara Falls, Post Mortem

D’une certaine façon, ce fut mon marathon le plus facile bien que le plus rapide!

J’aurais préféré faire un split négatif (mon fantasme!), mais ça ne m’empêche pas de savourer pleinement mon chrono : 3 :23 :24.

C’est mon 4e marathon et pour la première fois dans cette distance, je monte sur le podium: 2e place parmi 48 autres femmes de mon groupe d’âge et cela, avec 8 minutes d’avance sur la 3e. La première femme dans mon groupe d’âge a couru le marathon en moins de 3 heures. Ça aussi, c’est un autre de mes fantasmes !

Avant la course, j’avais consulté les résultats de l’an dernier et je savais qu’en courant sous les 3h30, mes chances de podiums étaient élevées. Mais je n’avais pas vraiment analysé les temps du classement général chez les femmes. Lorsque j’ai constaté ma place parmi les 10 premières, j’avoue que… ça m’a fait quelque chose!

Je suis une marathonienne. Ça aussi, ça me fait quelque chose.
Hey Boston! New York ! Je m'en viens!

lundi 27 octobre 2008

Le marathon des trois « con »


Tchou! Tchou!Dans le train qui me mène vers mon quatrième marathon, les yeux fermés, je visualise ma course qui s’en vient et j’analyse mes erreurs passées. Un mantra s’installe dans ma tête et je le répète pour bien l’ancrer. Niagara, ce sera mon marathon des trois « con » :

Confiance.
Concentration.
Constance.


Confiance.
Les résultats de mes dernières courses le prouvent, un chrono de 3h23 est réaliste.
Mon coach me dit que c’est réaliste.
Jacqueline Gareau me dit que c’est réaliste.
Je me sens en pleine forme et j’ai suivi mon programme sans difficulté.
Confiance, confiance, confiance : en mon entraînement, en mon endurance, en moi.

Concentration
Ne pas me laisser distraire de mon objectif et ne pas dépenser de l’énergie sur autre chose que ma course. Pas de place aux pensées négatives. Ma foulée, ma cadence, ma posture, ma respiration, voilà ce qui compte.

Constance.
Vitesse constante, que dire de plus. Un marathon, ce n’est pas une piste de 400 mètres. Ce n’est pas le moment de faire des intervalles!

Vroom. Vroom.Dans l’autobus qui nous mène vers Buffalo, ville du départ du marathon, je fais la connaissance de deux coureurs de Québec : Marc et Martin, membres du club La Foulée et marathoniens d’expérience. On discute de nos objectifs personnels, je les trouve bien sympathiques. Marc vise autour de 3h25… Hum… Devrais-je me joindre à lui ?


Lapin, lapin.
Au musée qui nous accueille avant le départ, je fais la rencontre du troisième type : un lapin, un vrai ! En plus de ses oreilles, ce jeune homme de 23 ans a enfilé un costume de peluche blanc. Un vrai lapin qu’on a le goût de serrer dans ses bras parce qu’en plus, son objectif, c’est 3h20 ! J’apprends que c’est le 4e marathon de Brian en 4 semaines et qu’il a obtenu un chrono de 2h46 le week-end dernier. Je peux lui faire confiance. Mais 3h20, c’est trois minutes de moins que mon objectif… J’en ai les mains qui tremblent lorsque je confie à Éric et Gerry, un athlète de mon club, que j’ai envie de le suivre.
J’en discute également avec mes 2 nouveaux copains de Québec. Sans trop vouloir m’influencer, ils pensent que je pourrais tenter le coup. Mais Marc me lance en riant : « Si tu pars avec lui, il ne faut pas que je te rattrape par exemple! »

Il fait beau et il y a de forts vents favorables dehors… Je me dis que c’est le moment ou jamais et que je n’ai rien à perdre.

BANG.C’est un départ. Il semble y avoir une dizaine de coureurs dans le sillon du lapin. Une jeune femme me demande mon « PR ». Elle dit que le sien est 3h15. Mon record personnel en marathon?... Je n’ose pas lui réponde que c’est 3h38. J’ai peur qu’elle me trouve trop ambitieuse d’essayer de couper 18 minutes d’un coup!

Confiance. Confiance.

Moins d'une dizaine de kilomètres après le départ, je réalise que je suis maintenant seule avec Brian. Un lapin à moi toute seule! Et en peluche à part de ça! Il est grand, plutôt costaux et triathlète en plus. Il me cache lorsque les vents latéraux nous taquinent et je l'écoute placoter. Moi, c'est rare, mais là, je ne parle pas! Je me concentre! ;o)

Concentration. Concentration.

Mon lapin s'arrête aux points d'eau et prends son temps. Arrêt, accélération, vitesse de croisière. Lui, c'est comme ça qu'il fonctionne. Moi, je préfère ralentir juste un peu aux points d'eau pour ne pas avoir à trop ré-accélérer ensuite.

Constance. Constance.

J'ai hâte de franchir la marque du demi-marathon. Lorsqu’on y arrive, ça va bien, tout est sous contrôle. C'est là que je prends la décision de demeurer avec mon lapin.

Je me demande de temps en temps à quel moment mon sourire s'en ira. C'est inévitable dans un marathon à mon avis. Ce n’est pas une partie de plaisir, quand même !

Brian me dit tout à coup qu’il nous reste une heure avant d’arriver. Ah? Ah! Bon. Ça ne me fait ni chaud ni froid. Je me sens bien et je poursuis mon petit bonhomme de chemin.

Au 34e kilomètre environ par contre, je réalise que je suis maintenant derrière mon lapin plutôt qu’à côté. Ça signifie que j’ai commencé à ralentir. Devrais-je pousser un peu pour atteindre ce chrono de 3h20? Un peu inconsciemment, un peu nonchalament, il semble que je décide que non. Peut-être aurais-je dû ajouter un « com » dans mon mantra : combativité ou compétition.

Je cours, c’est tout. Il n’y a plus d’adrénaline.

Ça prend quelques kilomètres et mon lapin disparaît à l’horizon. Je ne suis ni triste ni déçue car je suis convaincue qu’il est préférable de ralentir un peu pour ne pas ralentir beaucoup! Mais tout de même, j’aurais aimé lui dire aurevoir.

Pour la première fois depuis le début de mon marathon, je commence à regarder mon ordinateur de course. J’essaie de faire des calculs mais je suis nulle dans ce domaine… surtout quand je cours. Bof, je ne m’en fais pas. Je souris encore !

Je réalise que je n’ai pas du tout regardé le pace band que je porte au poignet (3h23) et je ne songe pas non plus à sortir celui qui se trouve dans ma poche (3h30). Je cours. C’est tout.

Il y a vraiment beaucoup d’animation aux points d’eau et ça me motive beaucoup d’un à l’autre.

Trois ou quatre kilomètres avant l’arrivée, j’aperçois les couleurs du Club La Foulée loin devant. C’est Marc. Lorsque j’arrive à ses côtés, je lui demande ce qu’il fait là, il devrait être derrière moi !


« Je suis parti trop vite », m’avoue-t-il. Il ne veut pas que je ralentisse pour lui mais je ne suis plus trop certaine de la vitesse que je peux tenir. Il s’accroche et trouve l’énergie de courir à mes côtés.

Je forme de nouveau un duo et je trouve ça fantastique. Notre vitesse augmente au fur et à mesure que la distance diminue entre nous et le fil d’arrivée. Tout à coup, parmi les spectateurs, un copain de Marc se met à lui crier des encouragements. Ça nous prend dans les tripes.
« Vas-y Marc », que je lui dis, « ne m’attends pas ».
« Non, non », me répond-il, « je veux un photo finish avec toi. »

Ça y est, mon petit côté émotif prend le dessus, les larmes me montent aux yeux et subitement, on se met tous les deux à courir comme des fous : je peux lire 4 :20/km sur mon Polar. Rythme que nous parviendrons à maintenir pendant les deux derniers kilomètres.

Mes mains deviennent engourdies. Je le dis à mon compagnon car je crains une chute de pression. Il me demande si je veux ralentir. Je réponds évidemment : « Non, non, non »!

Pour la première fois, à quelques pas de l’arrivée, je lève un seul bras en signe de victoire : celui avec lequel je lui serre la main très fort.

Et encore une fois, après une course, je serre dans mes bras un homme que je connais à peine mais qui après quelques kilomètres compte maintenant beaucoup pour moi!


p.s. Quelques minutes après mon arrivée, je retrouve mon lapin de peluche et enfin, je peux le serrer dans mes bras et lui dire aurevoir. Brian a terminé en 3:19:35. Je savais que je pouvais lui faire confiance!

dimanche 19 octobre 2008

Pas faits pour vivre ensemble...






















Je suis tombée sur ces 2 photos en faisant mon back-up aujourd'hui.

Ces souliers Saucony et moi avons partagé une vingtaine de kilomètres ensemble. Notre relation s'est terminée dans un bain de sang.






vendredi 17 octobre 2008

Le comment du pourquoi

Mes deux dernières années de compétitions en triathlon et en course à pied m’ont fait vivre toute une gamme d’émotions et tranquillement, m’ont amenée à la décision de participer à un Ironman.

Un petit aperçu de mon parcours et des courses qui m’ont le plus marquée sous forme de 4 "Résumés de saison".

Saison 2008: pour le meilleur et pour le pire

Pour mieux me préparer au Championnat du monde à Vancouver qui aura lieu en juin, je repousse mon projet de courir le marathon de Boston à l’an prochain. Pas facile de renoncer! Mais mon printemps est bien rempli et mes performances d’une course à l’autre me gardent sur l’adrénaline.

Au Early Bird, pour la première fois de ma vie, je me classe bien en triathlon. Je termine 6e parmi 33 femmes, un classement au dessus de toutes attentes qui me fait encore plus plaisir que ma première place dans mon groupe d’âge. Ça me donne des ailes même si je suis consciente que la courte distance de nage y est pour beaucoup. Mais je réalise aussi, par contre, que je me suis vraiment améliorée en vélo et que je ferais une bien meilleure duathlète que triathlète!

Ayant appris qu’il est possible de sa qualifier pour le marathon de New York avec un demi-marathon, je tente ma chance et je réussis! Avec un chrono de 1 :36 :32, j’obtiens le droit de prendre le départ à un deuxième des 5 « World Marathon Majors ». Et je sais qu’un jour, j’irai courir les trois autres (Chicago, Londres et Berlin) en compagnie de mon conjoint.

En juin, le Championnat du monde de Triathlon me marquera très pronfondément. Assurément ma pire performance en triathlon, Vancouver sera par contre la plus belle expérience sportive de ma vie. Dans l’avion qui survole English Bay et Stanley Parc à notre retour, je ne peux retenir mes larmes tellement mon séjours m’aura bouleversée. Malgré l’épreuve physique mais surtout psychologique très difficile que j’aurai vécue dans les eaux froides de l’océan pacifique, mon seul désir est de me requalifier pour un Championnat du monde en 2009.

Pour y parvenir, je tente ma chance en participant pour la deuxième année consécutive à la Coupe du Québec en triathlon olympique puisque la première place garantie un spot dans l’équipe canadienne groupe d’âge. Malheureusement, la compétition est plus féroce que l’an dernier et je ne fais pas le poids. Je terminerai 4e. Par contre, je participe également à la Coupe du Québec en duathlon (2e chez les femmes 39-40). Grâce à ma médaille de bronze lors du Championnat canadien à Montréal, je m’assure une place pour le Championnat du monde de duathlon. J’allais à Vancouver dans le but de vivre une expérience privilégiée, mon objectif est très différent pour la Caroline du Nord : j’y vais dans le but de performer!

En juillet, j’assiste au Ironman de Lake Placid pour la deuxième fois, et le lendemain matin, je passe à l’acte : je m’inscris pour 2009! Levée aux aurores, ma voiture est la première stationnée… au mauvais endroit. Lorsqu’avec mon nouveau copain Daniel nous arrivons finalement au bon endroit pour les inscriptions, la file d’attente me semble interminable. Heureusement, nous obtenons chacun notre formulaire. La grande aventure commence!

Ma préparation pour Timberman, mon deuxième demi-ironman, se passe vraiment bien. Je mise beaucoup sur cet événement pour décider de mon objectif pour Lake Placid l’an prochain. Le jour J, je me sens en pleine forme. Ça va si bien sur le parcours, qu’une nouvelle motivation s’installe dans ma tête… Puis-je espérer me qualifier pour le Championnat du monde de Clearwater en Floride? Même si je n’atteins finalement pas mon but, je ne suis pas déçue, bien au contraire. Je termine 10e sur 101 femmes, jamais je n’aurais espéré un tel classement en triathlon ! Convaincue que l’échantillon de femmes est représentatif et qu’il ressemblera à celui de Lake Placid l’an prochain, je sais maintenant quel sera mon objectif en 2009 : je rêve à mon tour de me qualifier pour Kona.

En route vers mon marathon automnal, Niagara Falls encore une fois, je participe à deux demi-marathons dans le cadre de mon entraînement. Le premier a lieu dans les Adirondacks. J’obtiens la 1er place dans mon groupe d’âge, la 5e chez les femmes et la 18e place overall parmi 425 coureurs. Je me sens au sommet de ma forme. Deux semaines plus tard, c’est la cerise sur le Sunday au demi-marathon de Granby. J’améliore mon PR de 2 minutes avec un chrono de 1 :34 :43 et cela, grâce à un lapin de renommée mondiale : Jacqueline Gareau. Très motivée à suivre cette marathonienne de près, j’obtiens la 3e place chez les femmes.

À un peu plus d’une semaine de mon dernier objectif, je me demande si je réussirai à terminer ma saison sur le podium dans le magnifique décors des chutes Niagara!

Pour mes 40 ans...


Mon frère fête ses quarante ans cette année. Moi, ce sera en 2010. Cette semaine, j'ai vu cette publicité dans le Triathlète Magazine. Timberman félicite et publie la liste des médaillés de chaque groupe d'âge. Alors voilà, pour mes 40 ans, je veux m'offrir mon nom sur cette page!

lundi 13 octobre 2008

3h23

La fin de saison approche.

Hier, j'ai couru ma dernière "longue distance" en préparation pour mon objectif final cette saison: mon marathon à Niagara. Après une heure de natation avec mon ironcoach ou plusieurs athlètes du club étaient présents, plusieurs d'entre nous se dirigeons vers le Mont St-Bruno pour se mettre quelques kilomètres dans les pattes. Je partirai la dernière après 2h35 de course dans les sentiers. Au total, un peu plus de 28 kilomètres.

Les deux prochaines semaines, ce sera mon "taper", comme on dit dans le jargon. On réduit le millage pour permettre au corps de bien récupérer avant le jour "J".

Je ne savais pas trop quel objectif me fixer pour Niagara. Je ne veux pas me casser les dents mais comme mon chum le dit si bien, je n'ai rien à perdre. Il n'y a pas d'enjeux en danger... Je n'essaie pas de me qualifier pour un événement avec un temps précis. Je m'en vais courir un marathon et je suis confiante de pouvoir améliorer mon PR (3h38) assez facilement.

Au niveau de la "cocologie", dans ma tête quoi, obtenir un super chrono à ce marathon me donnerait une énorme confiance en moi pour Lake Placid.

Ce qui me plairait, dans le fond, ce serait de faire 3h23. Pourquoi ? Eh bien au printemps, je me suis qualifiée pour le marathon de New York avec un demi-marathon sous les 1h37. Pour me qualifier avec un marathon, le chrono à obtenir c'est 3h23!

Alors voilà mon objectif : 3h23.

Passion Prose

Dans une autre vie, ma vie universitaire, j'amais beaucoup écrire. J'ai retracé quelques textes et j'ai eu envie, justement, de leur redonner vie.

Le gros Roger

Allongée sur le tapis du salon depuis une dizaine de minutes, son mari, le gros Roger, la regarda accoté sur le cadre de la porte. Avec son bouchon de bière, il se gratta le dessous du bras, comme il le faisait toujours, et rota profondément et aussi bruyamment qu’il le put. Ça le fit sourire, évidemment, car il savait pertinemment qu’elle le trouvait dégoûtant quand il faisait ça.

Elle ne bougea pas.

Étendue sur le dos, le teint pâle, elle le faisait exprès, encore une fois, pour le faire enrager. Ça, il en était convaincu. Début trentaine, sa chevelure parsemée de fils blancs formait une drôle de touffe autour de son crâne. Comme une poupée bas de gamme qu’une enfant aurait mal peignée. Ses yeux à demi-fermés s’emblaient disparaître au milieu de ses cernes. Son bras droit replié s’appuyait sur son front, sa main gauche, elle, reposait sur son sein.

Pas de seins, elle n’a même pas seins, se dit-il. Pas de seins, pis pas belle… « Pis conne en plus de ça », lui cria-t-il soudain en lançant d’un coup sec rageur son bouchon de bière vers ce petit paquet qu'elle formait à ses pieds.

Il rota de nouveau mais sans conviction cette fois et comme sa bière était terminée, il se dirigea vers le frigo pour s’en chercher une autre. La chaleur de juillet le faisait transpirer à grosses gouttes et son odeur « d’homme viril », comme il disait souvent, le suivit jusque dans la cuisine.

Par terre avec son contenu éparpillé, la sacoche pour laquelle ils s’étaient engueulés. Il se pencha, ramassa un ridicule porte-monnaie vert et rose et prit l’argent qui s’y trouvait. Il repassa près de l’embouchure du salon, s’arrêta, sorti les clés de l’auto du fond de sa poche, se grattant l’entrejambe en lui jetant un dernier coup d’oeil et s’en alla.

Lorsqu’il revint quelques jours plus tard, aux petites heures du matin et complètement saoul, il fut incapable de monter l’escalier. Il cria le nom sa femme pour qu’elle vienne l’aider. Mais il eut beau gueuler et gueuler, il ne la vit pas apparaître à la porte.

Bien qu’enragé, il dût se résigner à monter les marches seul.

Lorsqu’il parvint finalement à débarrer la porte, il donna un grand coup pour l’ouvrir. Déséquilibré, il tomba mollement par terre dans le portique.

L’odeur de la mort et le silence brisé par la nuée de mouches qui tourbillonnaient le firent vomir.

Le berceau de la vie

On venait de lui annoncer que l’enterrement aurait lieu demain. Ma mère, calme et très digne dans ce douloureux martyre, assise sur sa couche de fourrure, le dernier né de mes frères pendu à son sein, semble méditer ce qu’elle vient d’entendre sans rien laisser transparaître du désarroi qui, sûrement, l’envahit. Elle fredonne une berceuse, dandelinant son corps et celui de son poupon au rythme de ce doux murmure. De sa main délicate et osseuse, elle soutient contre sa maigre mamelle la tête de ce minuscule être cramponné à sa source de vie.

Comme je voudrais être lui. Comme je voudrais qu’elle me prenne contre elle, qu’elle m’enveloppe de sa chaleur maternelle. Que sa présence rassurante, le battement dans sa poitrine, ses lèvres sur mon visage, chassent cette peur, cette peine qui ne me quitte plus depuis que je l’ai vu étendu et qu’en vain, j’ai attendu que son torse se soulève.

Comme je voudrais être lui, sans parole, sans mots qui se doivent de traduire des sentiments violents. Comme je voudrais pouvoir, aussi, transmettre mon angoisse par des pleurs silencieux, des gémissements ou des cris que personne ne me demanderait d’étouffer, de cacher, de ravaler, d'expliquer.

Comme je voudrais, même, n’être pas né ou mieux, retourner dans ce ventre tiède, protégé de ce vent de souffrance, du froid de la solitude. Comme je voudrais me réfugier en elle et oublier, m’oublier, l’oublier.

Mais accroupi entre les buissons, entre deux sanglots honteux, l’œil gonflé d’avoir tant pleuré, je ne peux que me souvenir, me l’imaginer marchant devant ses compagnons d’armes, marchant vers moi.

Jamais plus il ne me portera joyeusement sur ses épaules, ne me grattera la joue de sa peau rugueuse et hérissée de poils drus. Jamais plus sa poigne ferme ne me soulèvera de fierté au bout de ses bras comme il l’avait fait la première fois que j’avais réussi, avec les pierres, à embraser un feu. Jamais plus il ne guidera mes yeux vers les cieux, les étoiles, les nuits d’aurores boréales.

J’ai tant besoin de toi, voudrais-je lui crier. Ne me quitte pas. Amène-moi, amène-moi, prends-moi dans ta mort dans ton silence. Je veux te rejoindre dans le néant. Que pourrais-je craindre là-bas puisque tu serais avec moi… puisque je serais avec toi. Mais ma prière se perd dans le silence et comme le soleil s’étiole et que la noirceur s’étend sur le camp, des buissons je m’éloigne pour retourner chez moi.

Sur le chemin, mon cœur se serre et les larmes, très lourdes à retenir, emplissent mes yeux. Mais je ne pleure pas, je ne pleure plus. Je suis un homme moi aussi. Mon père, dans un dernier souffle, l’a murmuré dans le creux de mon oreille. Je ne pleure pas. Je serai bientôt un chasseur du clan, moi aussi, et je dois lui faire honneur, je dois lui donner l’adieu qu’il mérite.

Aux aguets dès que ma tête se dépose sur ma couche, immobile comme si le sommeil détenait mon âme, je n’ai point à lutter, pourtant, pour ne pas m’endormir car rien au monde ne saurait m’empêcher de marcher une dernière fois à ses côtés. Ainsi, bien avant l’aurore, bien avant le premier pépiement des oiseaux, alors que le souffle de ma mère se fait régulier, je me lève et je vais les rejoindre.

Oui, avant même que le ciel et les âmes ne soient réchauffés par l’astre célestre, j’épie ces hommes qui ont quitté les tentes, à jeun et nus comme au jour de leur naissance, et je les suis, un peu effrayé mais décidé à lui rendre hommage coûte que coûte. Tous les guerriers respectés de notre clan, chasseurs, guérisseurs, sculpteurs, porteurs de feu et moi aussi, fils de chef, même si mon jeune âge me l’interdit, nous nous dirigeons comme un seul, en silence, vers ce noble lieu qui m’était jusqu’alors inconnu.

La nuit durant, ils l’avaient veillé en ne se permettant, comme moi, aucun instant de repos. Et les porteurs, malgré cette nuit sans sommeil, ne montrent aucun signe de fatigue lorsque, telle une offrande, ils transportent au-dessus de leur tête le brancard funèbre vers le cimetière secret. C’est un privilège que de mener à son tombeau l’enveloppe terrestre de l’esprit d’un roi. Cet esprit, une fois déposé dans la noirceur de cet antre de pierre, renaîtra dans cet autre monde avec qui seul le Mag-ma, lien entre les vivants et les esprits, l’aïeul qui mène les hommes vers le cœur des dieux, peut communiquer. Il connaît les secrets de l’au-delà puisque ses pouvoirs en sont issus.

Ce puissant sorcier, le sang même de la Terre Mère, le flux de la vie et de la mort, avait, au cours de la nuit, recouvert de symboles rouges et sacrés le corps de mon père dévêtu et attaché en position fœtale. Ces symboles, lui seul peut les dessiner. Sans eux, personne, pas même lui, ne peut s’unir à la Terre Mère.

Purifiés par la naissance du jour auquel ils ont assistés, tous les sages du clan portent ainsi mon père à l’entrée de son dernier refuge ou ils se recueillent et s’agenouillent. Ils regardent la caverne sanctuaire avec humilité et soumission, n’osant rombre le charme mortuaire. Ses gencives rocheuses, lisses et humectées rappellent le sourire des vieilles gens. Oui, semblable à une bouche immence, elle dégage une haleine douceâtre et empreinte d’une moiteur fiévreuse. Bientôt, elle avalera le souvenir d’un homme béni des siens, le gardera en son sein pour l’éternité et le protègera des mauvais esprits.

Les sages ne me voient pas. Eux, serviteurs de la Terre Mère, s’apprêtent à faire pénétrer dans cette gorge profonde, dans ce tombeau naturel, le corps de leur chef, le noyau de la tribu : le corps de mon père. Ils attendent.

Le pieu planté devant la bouche de la terre pointe bientôt son ombre comme une flèche, une indication, vers la Maison des morts. Voici le moment choisi des êtres éternels pour débuter les rites sanctificateurs. L’ovule maternelle sera bientôt fécondée d’une nouvelle vie dans l’autre royaume.

Le souffle des respirations et le murmure des prières des guerriers du clan s’élèvent alors en une berceuse d’amour, une rumeur chaleureuse pour l’être familier qui nous quitte. Et mes prières, muettes, se lient aux leurs. Doucement, d’un commun mouvement, les hommes se lèvent.

Derrière mon rocher, je les vois. Les porteurs soulèvent de nouveau son corps, cette flamme éteinte, et entrent dans l’obscurité du passage rocailleux.

Mon cœur bat, cogne. Cette noirceur m’effraie. Cette noirceur en plein jour qui le recouvrira à jamais, comme un linceul, et qui engloutit mon âme, m’effraie. Et mon cœur se débat, voudrait fuir, s’enfuir. Il cherche cette étincelle qui appartenaitt à mon père, qui s’embrasait et me réchauffait. Mais il est froid. Mon père est froid. Mon père est mort. Et je pleure. Et mes larmes, sur lesquelles je n’ai plus de contrôle, chaudes et douces, salées comme la mer, soulèvent en moi une houle et des vagues. Et je voudrais me perdre en elles et sombrer. Mais je vis et dois vivre pour lui. Alors je quitte ma cachette et entre moi aussi, sans autre bruit que les battements de mon cœur.

Et je les devine, je les suis, mes pas feutrés en écho discret, dans ces lieux qui ont reçu plusieurs des nôtres. Seul le crépitement des torches semble prouver , en se faisant entendre, que la vie existe encore malgré la léthargie du moment.

Le tunnel s’étend, long, étroit et sans courbes. Ses murs, recouverts d’une vase gorgée d’eau, laissent s’évaporer un voile nébuleux sous l’effet de la chaleur du volcan éveillé près duquel nous nous trouvons.

Le couloir se rétrécit. Les hommes arrivent enfin devant une minuscule porte naturelle. Je me cache en demeurant dans la pénombre et je les vois, un à un, pénétrer dans cette pièce ronde. Le corps de mon père est déposé avec précaution sur le sol puis chacun prend place autour de lui. Alors le Mag-ma entreprend de creuser une fosse.

Ses mouvements sont lents, calculés. Chacune des poignées de terre est prise avec douceur et tendresse. Le sol semble meuble, le sable granuleux et rouge. Alors que l’Ainé prépare le berceau qui recevra cet enfant de la Terre Mère, les hommes reprennent leurs prières. Le son, d’abord presque inaudible, s’élève ensuite en crescendo et decrescendo. Les ombres, au rythme de la mélopée, dansent sur les murs. La vague de voix va et vient suivant les gestes du sorcier. Les guerriers entrent en transe et mon esprit, guidé par celui de mon père, les rejoint, hypnotisé. Les peaux se couvrent de sueur et des chants jaillissent de leurs gorges en une musique envoûtante et saccadée qui, tel le sang giclant d’une artère, s’échappe de ce tunnel en poursuivant son chemin vers les entrailles de la terre. Je la sens, je la sens, l’extase du moment, l’ivresse de la communion. Et c’est à ce moment que tel une semence, le corps de mon père est déposé dans cet utérus prêt à le recevoir.

Les inspirations profondes et rapides des hommes retrouvent peu à peu leur rythme normal. Les chants se taisent. Le silence recouvre la scène. Et le grand prêtre, avec la même affection dans ses gestes, le recouvre. Alors je comprends que je ne reverrai plus mon père et mon cœur étouffe sous le poids de cette terre qui l’ensevelit. Mais alors, les guerriers garnissent la fosse de bois puis allument le feu qui permettra à l’esprit de mon père de s’élever, de rejoindre le monde des dieux. La chaleur dégagée, qui bientôt caresse mon visage, me console car je la sais maternelle pour celui que j’aime.

Alors je m’éloigne discrètement. Et je les sens derrière moi. Le son de nos pas résonnant à l’unisson tel un nouveau cœur qui bat.

lundi 6 octobre 2008

Boston !




Ça y est !




Je viens de recevoir ma confirmation !




Je suis officiellement qualifiée et inscrite au marathon de Boston 2009 !




Chip Time / Gun Time


Peut-on avoir le chrono le plus rapide lors d'une course et terminer en 2e place?

Hey oui !

La première chose que Jacqueline Gareau m'a avoué pendant qu'on courait, c'est qu'elle était partie en retard. Elle a manqué le départ et ça lui a coûté la première place chez les femmes ! Et elle en était bien consciente car c'est elle-même qui m'en a reparlé après la course.

Sur Sporstats, il y a le "time" (le gun time, le temps officiel si on peut dire, celui qui détermine l'ordre d'arrivée), et le "chip time", celui de notre puce. Si on trie les résultats chez les femmes par le "chip time", elle est première au demi-marathon de Granby ... mais comme elle a franchit le fil en 2e...

J'ai trouvé ça attendrissant de constater que malgré toutes ses victoires, ses médailles et son palmarès impressionnant, Jacqueline Gareau semblait toute contente de recevoir son trophée. Et ce que j'ai trouvé plus mignon encore, c'est quand elle m'a demandé : "Penses-tu que je vais avoir une médaille groupe d'âge même si j'ai eu un trophée? "

Elle l'a eu, et elle la mérite tellement !


Alors il n'y a pas que moi qui aime ça recevoir une médaille ! Et il semble qu'on ne s'en lasse jamais !









dimanche 5 octobre 2008

Lapin surprise à Granby

J'ai eu une course fantastique aujourd'hui au demi-marathon de Granby. J'ai en effet eu droit à l'apparition d'un lapin de qualité A1 au 3e km de mon demi-marathon: Jacqueline Gareau. Je me suis collée à elle et je ne l'ai pas lâchée jusqu'au 14e km. Imaginez-vous qu'elle est partie en retard car elle a manqué le coup de départ!

Après 2 points d'eau (6 km environ), j'ai décidé de ne plus boire pour le reste de la course car Jacqueline est vraiment super efficace pour se désaltérer. Lorsque j'ai assisté à sa conférence, l'an dernier, elle a raconté que lors d'un marathon, elle s'est fait distancer par le pack parce qu'elle a eu un moment d'inattention à un point d'eau. J'ai évidemment pensé à ça car j'ai vite réalisé que si je voulais la suivre, je ne pouvais pas me permettre d'avoir à la rattraper... ce que j'ai eu à faire à deux reprises! Alors tant pis, que je me suis dit, je boirai au fil d'arrivée.

Lorsque j'ai eu envie de prendre un peu de glucides, j'ai hésité également. Veux, veux pas, ça me fait ralentir un peu. Heureusement, 30 secondes après avoir pensé à mes jujubes, voilà que Jacqueline sort un gel de sa poche! Vite, vite, c'est le moment !

Le demi-marathon de Granby est très vallonné. Selon nos ordinateurs de course, à Éric et moi, il est plus côteux que celui que nous avons couru dans les Adirondacks il y a deux semaines (165m d'ascension contre 110). Le paysage est magnifique et me fait vraiment penser à celui de Cumberland, un endroit ou j'adore aller courir. Le parcours est en campagne et il y a des chevaux! Ça me faisait un petit pincement au coeur de ne pas courir à Cumberland cette année. Granby l'a remplacé adéquatement.

J'ai constaté durant la course que j'étais plus forte que Jacqueline Gareau durant les montés mais elle me rattrapait par la suite. Nous avons vraiment couru côte à côte très longtemps.

Lorsque j'ai croisé Éric après le turn-around, il nous a crié que la première femme avait 30 sec. d'avance sur nous. C'est là que Jacqueline a accéléré... et que je me suis fait dépasser par une autre femme. Je suis tombée 4e. C'était vraiment super intéressant comme course car les 4 premières femmes overall se suivaient de près. Nous étions toutes à l'intérieur d'une distance d'environ 100 m. Et ça a duré sur environ 4 km. Puis la numéro 1 a perdu de la vitesse et s'est ramassée... derrière moi ! Ça ne m'arrive pas souvent durant une course mais cette fois-ci, j'ai regardé par-dessus mon épaule à plusieurs reprises durant les 2 derniers km !

À une intersection, des bénévoles prenaient les numéros de dossard des coureurs. Lorsque je suis passée, j'ai entendu: 3e femme, dossard 140. Ça m'a fait bizarre d'entendre ça mais j'avoue que ça m'a fait plaisir!

Environ 1 km avant l'arrivée, une femme qui venait de courir le 5 km s'est mise à m'escorter et à me pousser: "Let's go, tu es 3e, pousse, lâche pas !" Ça m'a donné une montée d'adrénaline.

Quand j'ai vu mon chrono, je n'en revenais pas. J'ai coupé 2 minutes sur mon dernier demi-marathon et je suis passée sous la barre des 1h35 avec un chrono de 1:34:43. Et étonnamment, mes pulsations étaient plutôt basses si je compare avec les Adirondacks (172 de moyenne).

Pour me préparer à mon marathon dans 3 semaines (Niagara Falls), j'ai couru 13 km supplémentaires après mon demi-marathon pour un total de 34 km. Ce qui me donne 2h50 de course aujourd'hui. Je n'ai pas frappé le mur, ça allait vraiment bien.

Hiiiiii ! Haaaa !

Attachez vos tuques, j'ai des grosses attentes pour Niagara. ;o)


P.S. Elle est rigolote ma poupée, hein? ;o)

Quelques mots avec Gareau

Lorsqu'elle m'a rejoint au 3e km:
- Hey, j'ai lu votre livre cet été.
Réponse: un sourire!

Vers le 8e km:
- C'est quoi ton chrono habituel?, m'a-t-elle demandé.
- Moins de 1h37. Et vous votre objectif aujourd'hui?
- Je ne sais pas.

Avant le turn around, je lui ai dit que je me préparais pour le marathon de Niagara.

Au fil d'arrivée, elle s'est excusé de m'avoir semée!
Je l'ai remerciée de m'avoir aidée à couper 2 min sur mon PB.

- C'est quoi ton objectif pour Niagara, a-t-elle demandé.
- Je ne sais pas, ai-je répondu. 3h30, ce serait bien mais je me demande si je pourrais faire 3h20...

Elle a réfléchi quelques instants et m'a répondu:
- 3h20, ça a de l'allure!