Iron Roman - Le récit de mon Ironman

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mercredi 30 septembre 2009

Mercredi: 3 jours avant mon Championnat

3h00 AM. Le cadran sonne. Les vélos dorment dans leur valise quand nous les déposons dans la voiture. Direction : aéroport de Montréal.


Dans l’avion qui nous conduit à Charlotte, en Caroline du Nord, je savoure déjà la présence de mes copains qui se dirigent eux aussi vers le Championnat du monde de duathlon. Plusieurs membres de mon club de triathlon et une nombreuse délégation du Québec seront présents. Contrairement à mon expérience à Vancouver l’an dernier, cette fois-ci, je vivrai mon Championnat « en gang ».


Notre hôtel est situé à environ 1,5 km du centre des congrès où se tient l’enregistrement des athlètes et l’expo et à 3 km environ du Lowe’s Motor Speedway où aura lieu la compétition.

Comment décrire le quartier qui nous entoure? Des boulevards sans trottoir ni accotement, des hôtels, des restaurants, un centre d’achat. Un environnement pas trop accueillant pour des cyclistes ou des piétons… Le royaume de l’automobile pas des touristes!


Après avoir enfilé nos « costumes de clown », surnom affectueux donné à l’unanimité à l’uniforme officiel de l’équipe canadienne (surtout à cause des shots de boxeurs extra larges et si peu avantageuses pour les membres féminins de l’équipe!), nous prenons notre premier repas de groupe.





Dans le stationnement de l’hôtel, nous assemblons ensuite nos vélos sous le chaud soleil de la Caroline du Nord pour enfin partir explorer les environs.







Le parcours de vélo n’étant pas encore balisé, nous nous contentons de tourner en rond autour du circuit de Nascar. On constate immédiatement qu’il y aura des côtes et des tournants techniques. Puis nous empruntons un chemin différent pour retourner à l’hôtel.

C’est là que ça se gâte. Éric fait une crevaison avec pour conséquence que nous perdons le reste du peloton… Éric, Isabelle et moi tentons tant bien que mal de retrouver notre chemin mais nous sommes perdus au milieu des centres d’achats et des boulevards en pleine heure de pointe.

Ça y est, je sens l’angoisse qui me serre les tripes. J’ai l’impression de ne plus comprendre l’anglais, j’ai le goût de pleurer. Mon syndrome « post-ironman » attaque de plein fouet mon insécurité. Même si nous ne sommes qu’à une dizaine de kilomètres de notre hôtel tout au plus, j’ai l’impression que les kilomètres sont multipliés par 10 et que je suis perdue au milieu de la forêt amazonienne.

Qu’est-ce que je fous ici? Au secours. Je veux retourner chez moi, me cacher sous mes draps.

Un livreur de pizza explique finalement le chemin du retour à mon amoureux. Après une pause pour me calmer et un lait un chocolat pour me redonner de l’énergie, nous repartons.

Mais mon calvaire ne fait que commencer.

À environ 5 km de l’hôtel, en montant une côte, je sens que ma chaîne va débarquer alors que j’effectue un changement de vitesse. Je déclippe rapidement un soulier puis c’est la catastrophe : mon dérailleur arrière éclate en morceaux.


Pas de larmes. Pas de crise d’hystérie. Pendant un dixième de seconde, j’ai envie de garrocher mon vélo à bout de bras. Puis je sens un vide incroyable m’envahir. Anéantie, voilà comment je me sens. Moi qui ai présentement de la difficulté à gérer mon petit quotidien, je ne me sens pas du tout capable de gérer ce qui vient de m’arriver et qui met mon Championnat du monde en péril.



J’ai besoin d’être seule. Je demande à mon amoureux et à Isabelle de partir. Je ne veux personne près de moi. J’ai besoin de faire le vide au milieu de ce trafic incessant de voitures qui nous harcèlent.

J’enlève mes souliers, mes bas et nus pieds, la mort dans l’âme, je ramène mon vélo et ma peine vers l’hôtel.

Je me sens résignée.

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