Samedi matin, les élites prennent le départ. Je décide de ne pas assister à leur compétition. Je préfère déjeuner sagement, retourner me coucher et déjeuner de nouveau vers midi. Mon départ n’aura lieu qu’à 15h40 alors je préfère conserver toute mon énergie.
À 13h00, nous prenons une navette. C’est le moment d’aller préparer ma zone de transition. Je clippe mes souliers de vélo sur mes pédales, positionne ma chaîne sur la bonne vitesse, remplis ma bouteille Profile Design de Gatorade et mon sac de potence de Blocks.
Contrairement aux trois derniers jours où il a fait soleil et près de 30 degrés Celcius, aujourd’hui il pleut et le thermomètre oscille autour de 18. Tant mieux s’il fait frais mais j’avoue que le parcours rendu glissant par la pluie m’inquiète un peu. J’ai déjà été témoin de chutes à vélo alors il faudra être prudente.
Je m’installe le pied sur la ligne de départ, en première place parmi les femmes de 44 ans et moins.
Mon demi-marathon à Montréal m’a donné confiance et je suis convaincue que je suis rapide en course à pied. De plus, ma 10e place parmi 100 femmes de mon âge lors de mon demi-ironman l’an dernier me laisse croire que je vais performer aujourd’hui.
Erreur!
En moins de 500 mètres, je réalise que je suis au Championnat du monde : je me fais dépasser par au moins une vingtaine de femmes! Wow, elles sont incroyablement rapides! J’oublie mon rêve irréaliste de terminer parmi les 10 premières. Par contre, j’obtiens mon meilleur chrono à vie sur un 10 km (42 min 03) en effectuant en plus un split négatif (2e lap de 5 km plus rapide que le premier). Et si les deux laps de course à pied font précisément 5 km, j’ai réalisé un autre objectif que je croyais inatteignable cette année : casser le 20 au 5. En effet, j’ai parcouru le deuxième lap en 19 :42.
Les parcours de course et de vélo comportent de nombreuses côtes abruptes mais courtes, des faux plats et d’innombrables tournants très techniques. Je les considère exigeants même si je m’entraîne régulièrement sur des parcours coteaux.
Je maintiens une fréquence cardiaque moyenne de 176 battements/min durant ma première portion de course à pied. En vélo, mon cœur descend à 162 battements/min mais je sens que je pousse la machine. Lors de mon deuxième lap de 20 km, je m’attends à me faire dépasser par une Québécoise qui m’a toujours battue en duathlon. Mais les kilomètres passent et je suis toujours en tête. Je suis plus rapide en course à pied mais elle me rattrape toujours en vélo. Que se passe-t-il? Où est-elle? Lorsque je franchis le tunnel qui me ramène à la piste de Nascar, et que je tourne en rond pour effectuer ma dernière boucle, je réalise que cette fois-ci, je franchirai le fil d’arrivée la première.
Lors du dernier 5 km de course, mes batteries commencent à être vidée. Je parviens à monter à 171 battements/minute de moyenne. Je constate que je suis moins rapide mais la détermination de ne pas me faire rattraper demeure. Je suis dans le tapis et si je n’ai pas de broue dans le toupet, c’est parce qu’il pleut à boire debout!
Lorsque les derniers mètres approchent, j’attrape en passant un petit drapeau canadien qu’on me tend. Les deux bras levés vers les nuages qui me pissent dessus, le sourire aux lèvres sous la pluie qui me lave de ma sueur, je fais un voeu en franchissant le fil d’arrivée. Je souhaite très fort que mon « post ironman syndrome » ait été disqualifiée sur le parcours.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire