Iron Roman - Le récit de mon Ironman

Pour lire le compte-rendu de mon expérience à Lake Placid le 26 juillet 2009, cliquez ici.












Pour voir le "Photo Roman" de mon Ironman, cliquez ici.





lundi 15 décembre 2008

En route vers mon Ironman: test de nage de 3,8 km


Mon amoureux s'est gentiment levé aux aurores avec moi pour compter mes longueurs: 152 longueurs de 25 mètres ou 76 fois 50 mètres... Au total, 3,8 km que j'ai parcouru sans vraiment voir le temps passer. J'ai eu droit à la compagnie d'un autre nageur, Éric, qui lui aussi faisait le même test que moi... Je me suis bien fait dépasser au moins 20 fois puisqu'il a terminé une vingtaine de minutes plus tôt. Bilan : 1:23:44. Je suis un peu déçue d'avoir dépassé 1:20:00. Le fait que je sois peu douée pour la nage me fait réaliser à quel point je suis privilégiée d'avoir autant de facilité à la course à pied. Au moins maintenant je sais que je nage la distance requise pour mon Ironman sans fatigue. Grâce à mon wetsuit, je devrais pouvoir couper au moins 5 minutes... Je sais ce dont je suis capable à la nage et au marathon... il me restera à tester mon vélo: 180 km.

dimanche 7 décembre 2008

Ma première compétition de natation

Une minute avant de le départ de ma première compétition de nage, je me sens tout à fait détendue. Mais mon tour approche. Les secondes s'égrainent... Lorsqu'il en reste 15, soudainement, mes pulsations cardiaques accélèrent. Ça y est, je suis stressée! Coup de sifflet, je monte sur mon bloc. "À vos marques", je me positionne maladroitement en tentant de m'immobiliser. Il ne faudrait pas que je sois disqualifiée avant même de sauter à l'eau!


Pouannn! C'est un départ.


Je m'élance aussi élégamment qu'un crapaud pour sauter à l'eau et parcourir mon premier 25 mètres. Faut-il préciser que je suis arrivée dernière? C'est vraiment un détail insignifiant pour moi car honnêtement, ce n'est pas du tout embarrassant. Il y a tellement de départs qui se succèdent à un rythme fou que le mien passe inaperçu. Et je suis bien fière d'une chose: je n'ai pas perdu mes lunettes! Malheureusement, je serai moins habile au 200 mètres...Une heure plus tard environ, je remonte sur le bloc de départ. Il y a 4 nageurs dans ma vague. Mon voisin, qui doit bien avoir plus de 70 ans, a besoin d'aide. Il manque un peu d'équilibre le Monsieur. Je trouve ça vraiment fascinant de le voir s'installer et ça me fait plaisir de prendre le départ avec lui!
De nouveau, mon coeur se fait aller dans ma poitrine et je fais mon majestueux saut de crapaud qui, cette fois, m'arrache mes lunettes. Bravo! Dès que j'atteins le bout de mon corridor, je m'arrête pour les replacer rapidement. Heureusement, les officiels ne remarquent pas que mes deux pieds touchent le fond. J'ignorais que je pouvais être disqualifiée pour cette raison! Je repars de plus belle. L'équipe m'encourage bruyamment et mon fan préféré, mon amoureux, s'époumone à me crier que je suis première ... mais je n'entends rien. Lorsque je me retourne une dernière fois pour compléter ma dernière longueur, je m'étouffe. "C'est pas sérieux", que je me dis. Puis je me rends compte qu'une nageuse s'apprête à me dépasser à ma gauche. La poitrine me brûle à cause de l'effort mais ma voisine est plus rapide dans les derniers mètres et touche le mur avant moi. Je suis deuxième parmi 4 tortues. Soulagement, mon chrono est sous les 4 minutes!

Mon 50 mètres sera sans histoire: mes lunettes restent en place et je termine bonne dernière. Puis j'apprends que je passe en finale en 25 m! Un peu aberrant à première vue mais facile à expliquer: il y a peu de participants ! Je me faufile donc entre les mailles du filet et obtiens le privilège d'un autre départ sur le bloc! Youppi! Malgré mes deux pointes de pizza engouffrées sur l'heure du lunch, je réussis à couper quelques centièmes.


Bilan de la journée: je me suis vraiment amusée. Contrairement aux triathlons où la fébrilité m'envahie au moins une heure avant la course, (en fait, dès que je commence ma zone de transition), j'étais beaucoup plus calme sur le bord de la piscine. On sentait vraiment (en tout cas du point de vue d'une néophyte) que l'organisation était bien rôdée.

Une liste indiquant les différentes vagues de départ était affichée sur le mur. On pouvait ainsi savoir exactement dans quel corridor se placer et à quel moment se pointer. Sur le tableau d'affichage, on pouvait lire quelle épreuve était en cours et quelle vague prenait le départ.


Lorsqu'il y a un faux départ, un signal sonore retentit. Mais comme les nageurs n'entendent rien, une corde, installée au dessus de la piscine, tombe alors à l'eau. Les nageurs réalisent qu'il y a un faux départ lorsqu'ils s'emmêlent dedans!

Couchée dans mon lit, le soir, je ne pense qu'à une chose, remonter sur le bloc de départ et pratiquer mes plongeons.



Mes chronos pour comparaison future:

25 m: 20.97 et 20.22 en finale

50 m: 43.92

200m: 3:52:95
























samedi 29 novembre 2008

142 jours avant Boston


Ça y est, les entraînements de course à pied dans la neige, la glace et le vent ont repris! L'hiver est arrivé. Déjà, je me suis gelé une oreille et j'ai perdu pied sur la glace mais il n'y a pas une minute à perdre, il ne me reste que 142 jours pour me préparer à mon prochain marathon: Boston! Ce sera la première étape vers mon Ironman. Cette semaine, j'ai passé 4 heures en piscine, deux à vélo et deux en course à pied.
J'ai également soupoudré un peu de musculation sur le tout, ce qui m'amuse beaucoup, j'avoue. J'ai toujours rêvé d'être musclée ! À chaque fois que je passe près de ma nouvelle barre installée dans un cadre de porte, je fais des chin ups. De 3 il y a un mois, je suis passée à 7 aujourd'hui. Pourrais-je atteindre mon objectif pour Noël? Les paris sont ouverts, j'ai misé sur le chiffre 15! Attention, il ne faut pas tricher, je parle ici d'extension complète des bras.
En attendant le retour du printemps, je pense à mes prochaines vacances...



dimanche 23 novembre 2008

Madame Pédalo


Pour me préparer à mon Ironman, j'ai décidé d'augmenter mes heures en piscine pour les prochains 6 mois. Ma progression à la nage ayant été lilliputienne depuis mes débuts, il fallait vraiment y remédier. En fait, je n'avais pas réussi à couper 1 sec. durant la dernière année... et un test de 750 mètres, il y a un mois, m'avait une fois de plus déçue.
Mais cette semaine, pour la première fois, j'entrevois la lumière au bout du tunnel! Subitement, je coupe 45 secondes pour établir mon nouveau PR à 15 min20. Ce n'est pas encore le moment de se rouler par terre ni de devenir hystérique, mais assise sur le bord de la piscine olympique, ce soir-là, j'ai vraiment savouré le moment. Ça y est, il semble que je commence à comprendre quelque chose à la nage! Madame Pédalo devient tranquillement Chaloupe!




Pour mettre un peu de piquant, je débute les compétitions de nage le 6 décembre prochain! Heureusement, je serai seule dans mon corridor alors je ne ralentirai personne!

jeudi 30 octobre 2008

Championnat du monde à l'agenda!

Ça y est! Éric et moi venons de recevoir notre confirmation : nous ferons tous les deux partie de l'équipe canadienne groupe d'âge au prochain Championnat du monde de duathlon.

J'étais tellement nerveuse quand Éric m'a dit qu'il avait reçu un courriel de Triathlon Canada que je n'arrivais pas à comprendre ce qui était écrit. En fait, c'était normal de ne rien comprendre... Voici le contenu du courriel en français :

Chers athlètes, Je suis heureux de vous informer que qu'après révision des enregistrements et de l'évaluation roulez-vers le bas la liste, vous ont reçu une tache sur Équipes des Championnats du monde Duathlon de catégorie d'âge 2009 .

Veuillez se rendre compte que pour ces athlètes qui ont fourni le même email pour deux membres de famille différents, vous pouvez recevoir cet email deux fois. Si cet email est reçu deux fois il signifie que les deux members de famille avez gagné une tache.

Si vous avez n'importe quelles questions, veuillez ne pas hésiter à me contacter.


Mon amoureux, on a un an pour se préparer!

mardi 28 octobre 2008

Niagara Falls, Post Mortem

D’une certaine façon, ce fut mon marathon le plus facile bien que le plus rapide!

J’aurais préféré faire un split négatif (mon fantasme!), mais ça ne m’empêche pas de savourer pleinement mon chrono : 3 :23 :24.

C’est mon 4e marathon et pour la première fois dans cette distance, je monte sur le podium: 2e place parmi 48 autres femmes de mon groupe d’âge et cela, avec 8 minutes d’avance sur la 3e. La première femme dans mon groupe d’âge a couru le marathon en moins de 3 heures. Ça aussi, c’est un autre de mes fantasmes !

Avant la course, j’avais consulté les résultats de l’an dernier et je savais qu’en courant sous les 3h30, mes chances de podiums étaient élevées. Mais je n’avais pas vraiment analysé les temps du classement général chez les femmes. Lorsque j’ai constaté ma place parmi les 10 premières, j’avoue que… ça m’a fait quelque chose!

Je suis une marathonienne. Ça aussi, ça me fait quelque chose.
Hey Boston! New York ! Je m'en viens!

lundi 27 octobre 2008

Le marathon des trois « con »


Tchou! Tchou!Dans le train qui me mène vers mon quatrième marathon, les yeux fermés, je visualise ma course qui s’en vient et j’analyse mes erreurs passées. Un mantra s’installe dans ma tête et je le répète pour bien l’ancrer. Niagara, ce sera mon marathon des trois « con » :

Confiance.
Concentration.
Constance.


Confiance.
Les résultats de mes dernières courses le prouvent, un chrono de 3h23 est réaliste.
Mon coach me dit que c’est réaliste.
Jacqueline Gareau me dit que c’est réaliste.
Je me sens en pleine forme et j’ai suivi mon programme sans difficulté.
Confiance, confiance, confiance : en mon entraînement, en mon endurance, en moi.

Concentration
Ne pas me laisser distraire de mon objectif et ne pas dépenser de l’énergie sur autre chose que ma course. Pas de place aux pensées négatives. Ma foulée, ma cadence, ma posture, ma respiration, voilà ce qui compte.

Constance.
Vitesse constante, que dire de plus. Un marathon, ce n’est pas une piste de 400 mètres. Ce n’est pas le moment de faire des intervalles!

Vroom. Vroom.Dans l’autobus qui nous mène vers Buffalo, ville du départ du marathon, je fais la connaissance de deux coureurs de Québec : Marc et Martin, membres du club La Foulée et marathoniens d’expérience. On discute de nos objectifs personnels, je les trouve bien sympathiques. Marc vise autour de 3h25… Hum… Devrais-je me joindre à lui ?


Lapin, lapin.
Au musée qui nous accueille avant le départ, je fais la rencontre du troisième type : un lapin, un vrai ! En plus de ses oreilles, ce jeune homme de 23 ans a enfilé un costume de peluche blanc. Un vrai lapin qu’on a le goût de serrer dans ses bras parce qu’en plus, son objectif, c’est 3h20 ! J’apprends que c’est le 4e marathon de Brian en 4 semaines et qu’il a obtenu un chrono de 2h46 le week-end dernier. Je peux lui faire confiance. Mais 3h20, c’est trois minutes de moins que mon objectif… J’en ai les mains qui tremblent lorsque je confie à Éric et Gerry, un athlète de mon club, que j’ai envie de le suivre.
J’en discute également avec mes 2 nouveaux copains de Québec. Sans trop vouloir m’influencer, ils pensent que je pourrais tenter le coup. Mais Marc me lance en riant : « Si tu pars avec lui, il ne faut pas que je te rattrape par exemple! »

Il fait beau et il y a de forts vents favorables dehors… Je me dis que c’est le moment ou jamais et que je n’ai rien à perdre.

BANG.C’est un départ. Il semble y avoir une dizaine de coureurs dans le sillon du lapin. Une jeune femme me demande mon « PR ». Elle dit que le sien est 3h15. Mon record personnel en marathon?... Je n’ose pas lui réponde que c’est 3h38. J’ai peur qu’elle me trouve trop ambitieuse d’essayer de couper 18 minutes d’un coup!

Confiance. Confiance.

Moins d'une dizaine de kilomètres après le départ, je réalise que je suis maintenant seule avec Brian. Un lapin à moi toute seule! Et en peluche à part de ça! Il est grand, plutôt costaux et triathlète en plus. Il me cache lorsque les vents latéraux nous taquinent et je l'écoute placoter. Moi, c'est rare, mais là, je ne parle pas! Je me concentre! ;o)

Concentration. Concentration.

Mon lapin s'arrête aux points d'eau et prends son temps. Arrêt, accélération, vitesse de croisière. Lui, c'est comme ça qu'il fonctionne. Moi, je préfère ralentir juste un peu aux points d'eau pour ne pas avoir à trop ré-accélérer ensuite.

Constance. Constance.

J'ai hâte de franchir la marque du demi-marathon. Lorsqu’on y arrive, ça va bien, tout est sous contrôle. C'est là que je prends la décision de demeurer avec mon lapin.

Je me demande de temps en temps à quel moment mon sourire s'en ira. C'est inévitable dans un marathon à mon avis. Ce n’est pas une partie de plaisir, quand même !

Brian me dit tout à coup qu’il nous reste une heure avant d’arriver. Ah? Ah! Bon. Ça ne me fait ni chaud ni froid. Je me sens bien et je poursuis mon petit bonhomme de chemin.

Au 34e kilomètre environ par contre, je réalise que je suis maintenant derrière mon lapin plutôt qu’à côté. Ça signifie que j’ai commencé à ralentir. Devrais-je pousser un peu pour atteindre ce chrono de 3h20? Un peu inconsciemment, un peu nonchalament, il semble que je décide que non. Peut-être aurais-je dû ajouter un « com » dans mon mantra : combativité ou compétition.

Je cours, c’est tout. Il n’y a plus d’adrénaline.

Ça prend quelques kilomètres et mon lapin disparaît à l’horizon. Je ne suis ni triste ni déçue car je suis convaincue qu’il est préférable de ralentir un peu pour ne pas ralentir beaucoup! Mais tout de même, j’aurais aimé lui dire aurevoir.

Pour la première fois depuis le début de mon marathon, je commence à regarder mon ordinateur de course. J’essaie de faire des calculs mais je suis nulle dans ce domaine… surtout quand je cours. Bof, je ne m’en fais pas. Je souris encore !

Je réalise que je n’ai pas du tout regardé le pace band que je porte au poignet (3h23) et je ne songe pas non plus à sortir celui qui se trouve dans ma poche (3h30). Je cours. C’est tout.

Il y a vraiment beaucoup d’animation aux points d’eau et ça me motive beaucoup d’un à l’autre.

Trois ou quatre kilomètres avant l’arrivée, j’aperçois les couleurs du Club La Foulée loin devant. C’est Marc. Lorsque j’arrive à ses côtés, je lui demande ce qu’il fait là, il devrait être derrière moi !


« Je suis parti trop vite », m’avoue-t-il. Il ne veut pas que je ralentisse pour lui mais je ne suis plus trop certaine de la vitesse que je peux tenir. Il s’accroche et trouve l’énergie de courir à mes côtés.

Je forme de nouveau un duo et je trouve ça fantastique. Notre vitesse augmente au fur et à mesure que la distance diminue entre nous et le fil d’arrivée. Tout à coup, parmi les spectateurs, un copain de Marc se met à lui crier des encouragements. Ça nous prend dans les tripes.
« Vas-y Marc », que je lui dis, « ne m’attends pas ».
« Non, non », me répond-il, « je veux un photo finish avec toi. »

Ça y est, mon petit côté émotif prend le dessus, les larmes me montent aux yeux et subitement, on se met tous les deux à courir comme des fous : je peux lire 4 :20/km sur mon Polar. Rythme que nous parviendrons à maintenir pendant les deux derniers kilomètres.

Mes mains deviennent engourdies. Je le dis à mon compagnon car je crains une chute de pression. Il me demande si je veux ralentir. Je réponds évidemment : « Non, non, non »!

Pour la première fois, à quelques pas de l’arrivée, je lève un seul bras en signe de victoire : celui avec lequel je lui serre la main très fort.

Et encore une fois, après une course, je serre dans mes bras un homme que je connais à peine mais qui après quelques kilomètres compte maintenant beaucoup pour moi!


p.s. Quelques minutes après mon arrivée, je retrouve mon lapin de peluche et enfin, je peux le serrer dans mes bras et lui dire aurevoir. Brian a terminé en 3:19:35. Je savais que je pouvais lui faire confiance!

dimanche 19 octobre 2008

Pas faits pour vivre ensemble...






















Je suis tombée sur ces 2 photos en faisant mon back-up aujourd'hui.

Ces souliers Saucony et moi avons partagé une vingtaine de kilomètres ensemble. Notre relation s'est terminée dans un bain de sang.






vendredi 17 octobre 2008

Le comment du pourquoi

Mes deux dernières années de compétitions en triathlon et en course à pied m’ont fait vivre toute une gamme d’émotions et tranquillement, m’ont amenée à la décision de participer à un Ironman.

Un petit aperçu de mon parcours et des courses qui m’ont le plus marquée sous forme de 4 "Résumés de saison".

Saison 2008: pour le meilleur et pour le pire

Pour mieux me préparer au Championnat du monde à Vancouver qui aura lieu en juin, je repousse mon projet de courir le marathon de Boston à l’an prochain. Pas facile de renoncer! Mais mon printemps est bien rempli et mes performances d’une course à l’autre me gardent sur l’adrénaline.

Au Early Bird, pour la première fois de ma vie, je me classe bien en triathlon. Je termine 6e parmi 33 femmes, un classement au dessus de toutes attentes qui me fait encore plus plaisir que ma première place dans mon groupe d’âge. Ça me donne des ailes même si je suis consciente que la courte distance de nage y est pour beaucoup. Mais je réalise aussi, par contre, que je me suis vraiment améliorée en vélo et que je ferais une bien meilleure duathlète que triathlète!

Ayant appris qu’il est possible de sa qualifier pour le marathon de New York avec un demi-marathon, je tente ma chance et je réussis! Avec un chrono de 1 :36 :32, j’obtiens le droit de prendre le départ à un deuxième des 5 « World Marathon Majors ». Et je sais qu’un jour, j’irai courir les trois autres (Chicago, Londres et Berlin) en compagnie de mon conjoint.

En juin, le Championnat du monde de Triathlon me marquera très pronfondément. Assurément ma pire performance en triathlon, Vancouver sera par contre la plus belle expérience sportive de ma vie. Dans l’avion qui survole English Bay et Stanley Parc à notre retour, je ne peux retenir mes larmes tellement mon séjours m’aura bouleversée. Malgré l’épreuve physique mais surtout psychologique très difficile que j’aurai vécue dans les eaux froides de l’océan pacifique, mon seul désir est de me requalifier pour un Championnat du monde en 2009.

Pour y parvenir, je tente ma chance en participant pour la deuxième année consécutive à la Coupe du Québec en triathlon olympique puisque la première place garantie un spot dans l’équipe canadienne groupe d’âge. Malheureusement, la compétition est plus féroce que l’an dernier et je ne fais pas le poids. Je terminerai 4e. Par contre, je participe également à la Coupe du Québec en duathlon (2e chez les femmes 39-40). Grâce à ma médaille de bronze lors du Championnat canadien à Montréal, je m’assure une place pour le Championnat du monde de duathlon. J’allais à Vancouver dans le but de vivre une expérience privilégiée, mon objectif est très différent pour la Caroline du Nord : j’y vais dans le but de performer!

En juillet, j’assiste au Ironman de Lake Placid pour la deuxième fois, et le lendemain matin, je passe à l’acte : je m’inscris pour 2009! Levée aux aurores, ma voiture est la première stationnée… au mauvais endroit. Lorsqu’avec mon nouveau copain Daniel nous arrivons finalement au bon endroit pour les inscriptions, la file d’attente me semble interminable. Heureusement, nous obtenons chacun notre formulaire. La grande aventure commence!

Ma préparation pour Timberman, mon deuxième demi-ironman, se passe vraiment bien. Je mise beaucoup sur cet événement pour décider de mon objectif pour Lake Placid l’an prochain. Le jour J, je me sens en pleine forme. Ça va si bien sur le parcours, qu’une nouvelle motivation s’installe dans ma tête… Puis-je espérer me qualifier pour le Championnat du monde de Clearwater en Floride? Même si je n’atteins finalement pas mon but, je ne suis pas déçue, bien au contraire. Je termine 10e sur 101 femmes, jamais je n’aurais espéré un tel classement en triathlon ! Convaincue que l’échantillon de femmes est représentatif et qu’il ressemblera à celui de Lake Placid l’an prochain, je sais maintenant quel sera mon objectif en 2009 : je rêve à mon tour de me qualifier pour Kona.

En route vers mon marathon automnal, Niagara Falls encore une fois, je participe à deux demi-marathons dans le cadre de mon entraînement. Le premier a lieu dans les Adirondacks. J’obtiens la 1er place dans mon groupe d’âge, la 5e chez les femmes et la 18e place overall parmi 425 coureurs. Je me sens au sommet de ma forme. Deux semaines plus tard, c’est la cerise sur le Sunday au demi-marathon de Granby. J’améliore mon PR de 2 minutes avec un chrono de 1 :34 :43 et cela, grâce à un lapin de renommée mondiale : Jacqueline Gareau. Très motivée à suivre cette marathonienne de près, j’obtiens la 3e place chez les femmes.

À un peu plus d’une semaine de mon dernier objectif, je me demande si je réussirai à terminer ma saison sur le podium dans le magnifique décors des chutes Niagara!

Pour mes 40 ans...


Mon frère fête ses quarante ans cette année. Moi, ce sera en 2010. Cette semaine, j'ai vu cette publicité dans le Triathlète Magazine. Timberman félicite et publie la liste des médaillés de chaque groupe d'âge. Alors voilà, pour mes 40 ans, je veux m'offrir mon nom sur cette page!

lundi 13 octobre 2008

3h23

La fin de saison approche.

Hier, j'ai couru ma dernière "longue distance" en préparation pour mon objectif final cette saison: mon marathon à Niagara. Après une heure de natation avec mon ironcoach ou plusieurs athlètes du club étaient présents, plusieurs d'entre nous se dirigeons vers le Mont St-Bruno pour se mettre quelques kilomètres dans les pattes. Je partirai la dernière après 2h35 de course dans les sentiers. Au total, un peu plus de 28 kilomètres.

Les deux prochaines semaines, ce sera mon "taper", comme on dit dans le jargon. On réduit le millage pour permettre au corps de bien récupérer avant le jour "J".

Je ne savais pas trop quel objectif me fixer pour Niagara. Je ne veux pas me casser les dents mais comme mon chum le dit si bien, je n'ai rien à perdre. Il n'y a pas d'enjeux en danger... Je n'essaie pas de me qualifier pour un événement avec un temps précis. Je m'en vais courir un marathon et je suis confiante de pouvoir améliorer mon PR (3h38) assez facilement.

Au niveau de la "cocologie", dans ma tête quoi, obtenir un super chrono à ce marathon me donnerait une énorme confiance en moi pour Lake Placid.

Ce qui me plairait, dans le fond, ce serait de faire 3h23. Pourquoi ? Eh bien au printemps, je me suis qualifiée pour le marathon de New York avec un demi-marathon sous les 1h37. Pour me qualifier avec un marathon, le chrono à obtenir c'est 3h23!

Alors voilà mon objectif : 3h23.

Passion Prose

Dans une autre vie, ma vie universitaire, j'amais beaucoup écrire. J'ai retracé quelques textes et j'ai eu envie, justement, de leur redonner vie.

Le gros Roger

Allongée sur le tapis du salon depuis une dizaine de minutes, son mari, le gros Roger, la regarda accoté sur le cadre de la porte. Avec son bouchon de bière, il se gratta le dessous du bras, comme il le faisait toujours, et rota profondément et aussi bruyamment qu’il le put. Ça le fit sourire, évidemment, car il savait pertinemment qu’elle le trouvait dégoûtant quand il faisait ça.

Elle ne bougea pas.

Étendue sur le dos, le teint pâle, elle le faisait exprès, encore une fois, pour le faire enrager. Ça, il en était convaincu. Début trentaine, sa chevelure parsemée de fils blancs formait une drôle de touffe autour de son crâne. Comme une poupée bas de gamme qu’une enfant aurait mal peignée. Ses yeux à demi-fermés s’emblaient disparaître au milieu de ses cernes. Son bras droit replié s’appuyait sur son front, sa main gauche, elle, reposait sur son sein.

Pas de seins, elle n’a même pas seins, se dit-il. Pas de seins, pis pas belle… « Pis conne en plus de ça », lui cria-t-il soudain en lançant d’un coup sec rageur son bouchon de bière vers ce petit paquet qu'elle formait à ses pieds.

Il rota de nouveau mais sans conviction cette fois et comme sa bière était terminée, il se dirigea vers le frigo pour s’en chercher une autre. La chaleur de juillet le faisait transpirer à grosses gouttes et son odeur « d’homme viril », comme il disait souvent, le suivit jusque dans la cuisine.

Par terre avec son contenu éparpillé, la sacoche pour laquelle ils s’étaient engueulés. Il se pencha, ramassa un ridicule porte-monnaie vert et rose et prit l’argent qui s’y trouvait. Il repassa près de l’embouchure du salon, s’arrêta, sorti les clés de l’auto du fond de sa poche, se grattant l’entrejambe en lui jetant un dernier coup d’oeil et s’en alla.

Lorsqu’il revint quelques jours plus tard, aux petites heures du matin et complètement saoul, il fut incapable de monter l’escalier. Il cria le nom sa femme pour qu’elle vienne l’aider. Mais il eut beau gueuler et gueuler, il ne la vit pas apparaître à la porte.

Bien qu’enragé, il dût se résigner à monter les marches seul.

Lorsqu’il parvint finalement à débarrer la porte, il donna un grand coup pour l’ouvrir. Déséquilibré, il tomba mollement par terre dans le portique.

L’odeur de la mort et le silence brisé par la nuée de mouches qui tourbillonnaient le firent vomir.

Le berceau de la vie

On venait de lui annoncer que l’enterrement aurait lieu demain. Ma mère, calme et très digne dans ce douloureux martyre, assise sur sa couche de fourrure, le dernier né de mes frères pendu à son sein, semble méditer ce qu’elle vient d’entendre sans rien laisser transparaître du désarroi qui, sûrement, l’envahit. Elle fredonne une berceuse, dandelinant son corps et celui de son poupon au rythme de ce doux murmure. De sa main délicate et osseuse, elle soutient contre sa maigre mamelle la tête de ce minuscule être cramponné à sa source de vie.

Comme je voudrais être lui. Comme je voudrais qu’elle me prenne contre elle, qu’elle m’enveloppe de sa chaleur maternelle. Que sa présence rassurante, le battement dans sa poitrine, ses lèvres sur mon visage, chassent cette peur, cette peine qui ne me quitte plus depuis que je l’ai vu étendu et qu’en vain, j’ai attendu que son torse se soulève.

Comme je voudrais être lui, sans parole, sans mots qui se doivent de traduire des sentiments violents. Comme je voudrais pouvoir, aussi, transmettre mon angoisse par des pleurs silencieux, des gémissements ou des cris que personne ne me demanderait d’étouffer, de cacher, de ravaler, d'expliquer.

Comme je voudrais, même, n’être pas né ou mieux, retourner dans ce ventre tiède, protégé de ce vent de souffrance, du froid de la solitude. Comme je voudrais me réfugier en elle et oublier, m’oublier, l’oublier.

Mais accroupi entre les buissons, entre deux sanglots honteux, l’œil gonflé d’avoir tant pleuré, je ne peux que me souvenir, me l’imaginer marchant devant ses compagnons d’armes, marchant vers moi.

Jamais plus il ne me portera joyeusement sur ses épaules, ne me grattera la joue de sa peau rugueuse et hérissée de poils drus. Jamais plus sa poigne ferme ne me soulèvera de fierté au bout de ses bras comme il l’avait fait la première fois que j’avais réussi, avec les pierres, à embraser un feu. Jamais plus il ne guidera mes yeux vers les cieux, les étoiles, les nuits d’aurores boréales.

J’ai tant besoin de toi, voudrais-je lui crier. Ne me quitte pas. Amène-moi, amène-moi, prends-moi dans ta mort dans ton silence. Je veux te rejoindre dans le néant. Que pourrais-je craindre là-bas puisque tu serais avec moi… puisque je serais avec toi. Mais ma prière se perd dans le silence et comme le soleil s’étiole et que la noirceur s’étend sur le camp, des buissons je m’éloigne pour retourner chez moi.

Sur le chemin, mon cœur se serre et les larmes, très lourdes à retenir, emplissent mes yeux. Mais je ne pleure pas, je ne pleure plus. Je suis un homme moi aussi. Mon père, dans un dernier souffle, l’a murmuré dans le creux de mon oreille. Je ne pleure pas. Je serai bientôt un chasseur du clan, moi aussi, et je dois lui faire honneur, je dois lui donner l’adieu qu’il mérite.

Aux aguets dès que ma tête se dépose sur ma couche, immobile comme si le sommeil détenait mon âme, je n’ai point à lutter, pourtant, pour ne pas m’endormir car rien au monde ne saurait m’empêcher de marcher une dernière fois à ses côtés. Ainsi, bien avant l’aurore, bien avant le premier pépiement des oiseaux, alors que le souffle de ma mère se fait régulier, je me lève et je vais les rejoindre.

Oui, avant même que le ciel et les âmes ne soient réchauffés par l’astre célestre, j’épie ces hommes qui ont quitté les tentes, à jeun et nus comme au jour de leur naissance, et je les suis, un peu effrayé mais décidé à lui rendre hommage coûte que coûte. Tous les guerriers respectés de notre clan, chasseurs, guérisseurs, sculpteurs, porteurs de feu et moi aussi, fils de chef, même si mon jeune âge me l’interdit, nous nous dirigeons comme un seul, en silence, vers ce noble lieu qui m’était jusqu’alors inconnu.

La nuit durant, ils l’avaient veillé en ne se permettant, comme moi, aucun instant de repos. Et les porteurs, malgré cette nuit sans sommeil, ne montrent aucun signe de fatigue lorsque, telle une offrande, ils transportent au-dessus de leur tête le brancard funèbre vers le cimetière secret. C’est un privilège que de mener à son tombeau l’enveloppe terrestre de l’esprit d’un roi. Cet esprit, une fois déposé dans la noirceur de cet antre de pierre, renaîtra dans cet autre monde avec qui seul le Mag-ma, lien entre les vivants et les esprits, l’aïeul qui mène les hommes vers le cœur des dieux, peut communiquer. Il connaît les secrets de l’au-delà puisque ses pouvoirs en sont issus.

Ce puissant sorcier, le sang même de la Terre Mère, le flux de la vie et de la mort, avait, au cours de la nuit, recouvert de symboles rouges et sacrés le corps de mon père dévêtu et attaché en position fœtale. Ces symboles, lui seul peut les dessiner. Sans eux, personne, pas même lui, ne peut s’unir à la Terre Mère.

Purifiés par la naissance du jour auquel ils ont assistés, tous les sages du clan portent ainsi mon père à l’entrée de son dernier refuge ou ils se recueillent et s’agenouillent. Ils regardent la caverne sanctuaire avec humilité et soumission, n’osant rombre le charme mortuaire. Ses gencives rocheuses, lisses et humectées rappellent le sourire des vieilles gens. Oui, semblable à une bouche immence, elle dégage une haleine douceâtre et empreinte d’une moiteur fiévreuse. Bientôt, elle avalera le souvenir d’un homme béni des siens, le gardera en son sein pour l’éternité et le protègera des mauvais esprits.

Les sages ne me voient pas. Eux, serviteurs de la Terre Mère, s’apprêtent à faire pénétrer dans cette gorge profonde, dans ce tombeau naturel, le corps de leur chef, le noyau de la tribu : le corps de mon père. Ils attendent.

Le pieu planté devant la bouche de la terre pointe bientôt son ombre comme une flèche, une indication, vers la Maison des morts. Voici le moment choisi des êtres éternels pour débuter les rites sanctificateurs. L’ovule maternelle sera bientôt fécondée d’une nouvelle vie dans l’autre royaume.

Le souffle des respirations et le murmure des prières des guerriers du clan s’élèvent alors en une berceuse d’amour, une rumeur chaleureuse pour l’être familier qui nous quitte. Et mes prières, muettes, se lient aux leurs. Doucement, d’un commun mouvement, les hommes se lèvent.

Derrière mon rocher, je les vois. Les porteurs soulèvent de nouveau son corps, cette flamme éteinte, et entrent dans l’obscurité du passage rocailleux.

Mon cœur bat, cogne. Cette noirceur m’effraie. Cette noirceur en plein jour qui le recouvrira à jamais, comme un linceul, et qui engloutit mon âme, m’effraie. Et mon cœur se débat, voudrait fuir, s’enfuir. Il cherche cette étincelle qui appartenaitt à mon père, qui s’embrasait et me réchauffait. Mais il est froid. Mon père est froid. Mon père est mort. Et je pleure. Et mes larmes, sur lesquelles je n’ai plus de contrôle, chaudes et douces, salées comme la mer, soulèvent en moi une houle et des vagues. Et je voudrais me perdre en elles et sombrer. Mais je vis et dois vivre pour lui. Alors je quitte ma cachette et entre moi aussi, sans autre bruit que les battements de mon cœur.

Et je les devine, je les suis, mes pas feutrés en écho discret, dans ces lieux qui ont reçu plusieurs des nôtres. Seul le crépitement des torches semble prouver , en se faisant entendre, que la vie existe encore malgré la léthargie du moment.

Le tunnel s’étend, long, étroit et sans courbes. Ses murs, recouverts d’une vase gorgée d’eau, laissent s’évaporer un voile nébuleux sous l’effet de la chaleur du volcan éveillé près duquel nous nous trouvons.

Le couloir se rétrécit. Les hommes arrivent enfin devant une minuscule porte naturelle. Je me cache en demeurant dans la pénombre et je les vois, un à un, pénétrer dans cette pièce ronde. Le corps de mon père est déposé avec précaution sur le sol puis chacun prend place autour de lui. Alors le Mag-ma entreprend de creuser une fosse.

Ses mouvements sont lents, calculés. Chacune des poignées de terre est prise avec douceur et tendresse. Le sol semble meuble, le sable granuleux et rouge. Alors que l’Ainé prépare le berceau qui recevra cet enfant de la Terre Mère, les hommes reprennent leurs prières. Le son, d’abord presque inaudible, s’élève ensuite en crescendo et decrescendo. Les ombres, au rythme de la mélopée, dansent sur les murs. La vague de voix va et vient suivant les gestes du sorcier. Les guerriers entrent en transe et mon esprit, guidé par celui de mon père, les rejoint, hypnotisé. Les peaux se couvrent de sueur et des chants jaillissent de leurs gorges en une musique envoûtante et saccadée qui, tel le sang giclant d’une artère, s’échappe de ce tunnel en poursuivant son chemin vers les entrailles de la terre. Je la sens, je la sens, l’extase du moment, l’ivresse de la communion. Et c’est à ce moment que tel une semence, le corps de mon père est déposé dans cet utérus prêt à le recevoir.

Les inspirations profondes et rapides des hommes retrouvent peu à peu leur rythme normal. Les chants se taisent. Le silence recouvre la scène. Et le grand prêtre, avec la même affection dans ses gestes, le recouvre. Alors je comprends que je ne reverrai plus mon père et mon cœur étouffe sous le poids de cette terre qui l’ensevelit. Mais alors, les guerriers garnissent la fosse de bois puis allument le feu qui permettra à l’esprit de mon père de s’élever, de rejoindre le monde des dieux. La chaleur dégagée, qui bientôt caresse mon visage, me console car je la sais maternelle pour celui que j’aime.

Alors je m’éloigne discrètement. Et je les sens derrière moi. Le son de nos pas résonnant à l’unisson tel un nouveau cœur qui bat.

lundi 6 octobre 2008

Boston !




Ça y est !




Je viens de recevoir ma confirmation !




Je suis officiellement qualifiée et inscrite au marathon de Boston 2009 !




Chip Time / Gun Time


Peut-on avoir le chrono le plus rapide lors d'une course et terminer en 2e place?

Hey oui !

La première chose que Jacqueline Gareau m'a avoué pendant qu'on courait, c'est qu'elle était partie en retard. Elle a manqué le départ et ça lui a coûté la première place chez les femmes ! Et elle en était bien consciente car c'est elle-même qui m'en a reparlé après la course.

Sur Sporstats, il y a le "time" (le gun time, le temps officiel si on peut dire, celui qui détermine l'ordre d'arrivée), et le "chip time", celui de notre puce. Si on trie les résultats chez les femmes par le "chip time", elle est première au demi-marathon de Granby ... mais comme elle a franchit le fil en 2e...

J'ai trouvé ça attendrissant de constater que malgré toutes ses victoires, ses médailles et son palmarès impressionnant, Jacqueline Gareau semblait toute contente de recevoir son trophée. Et ce que j'ai trouvé plus mignon encore, c'est quand elle m'a demandé : "Penses-tu que je vais avoir une médaille groupe d'âge même si j'ai eu un trophée? "

Elle l'a eu, et elle la mérite tellement !


Alors il n'y a pas que moi qui aime ça recevoir une médaille ! Et il semble qu'on ne s'en lasse jamais !









dimanche 5 octobre 2008

Lapin surprise à Granby

J'ai eu une course fantastique aujourd'hui au demi-marathon de Granby. J'ai en effet eu droit à l'apparition d'un lapin de qualité A1 au 3e km de mon demi-marathon: Jacqueline Gareau. Je me suis collée à elle et je ne l'ai pas lâchée jusqu'au 14e km. Imaginez-vous qu'elle est partie en retard car elle a manqué le coup de départ!

Après 2 points d'eau (6 km environ), j'ai décidé de ne plus boire pour le reste de la course car Jacqueline est vraiment super efficace pour se désaltérer. Lorsque j'ai assisté à sa conférence, l'an dernier, elle a raconté que lors d'un marathon, elle s'est fait distancer par le pack parce qu'elle a eu un moment d'inattention à un point d'eau. J'ai évidemment pensé à ça car j'ai vite réalisé que si je voulais la suivre, je ne pouvais pas me permettre d'avoir à la rattraper... ce que j'ai eu à faire à deux reprises! Alors tant pis, que je me suis dit, je boirai au fil d'arrivée.

Lorsque j'ai eu envie de prendre un peu de glucides, j'ai hésité également. Veux, veux pas, ça me fait ralentir un peu. Heureusement, 30 secondes après avoir pensé à mes jujubes, voilà que Jacqueline sort un gel de sa poche! Vite, vite, c'est le moment !

Le demi-marathon de Granby est très vallonné. Selon nos ordinateurs de course, à Éric et moi, il est plus côteux que celui que nous avons couru dans les Adirondacks il y a deux semaines (165m d'ascension contre 110). Le paysage est magnifique et me fait vraiment penser à celui de Cumberland, un endroit ou j'adore aller courir. Le parcours est en campagne et il y a des chevaux! Ça me faisait un petit pincement au coeur de ne pas courir à Cumberland cette année. Granby l'a remplacé adéquatement.

J'ai constaté durant la course que j'étais plus forte que Jacqueline Gareau durant les montés mais elle me rattrapait par la suite. Nous avons vraiment couru côte à côte très longtemps.

Lorsque j'ai croisé Éric après le turn-around, il nous a crié que la première femme avait 30 sec. d'avance sur nous. C'est là que Jacqueline a accéléré... et que je me suis fait dépasser par une autre femme. Je suis tombée 4e. C'était vraiment super intéressant comme course car les 4 premières femmes overall se suivaient de près. Nous étions toutes à l'intérieur d'une distance d'environ 100 m. Et ça a duré sur environ 4 km. Puis la numéro 1 a perdu de la vitesse et s'est ramassée... derrière moi ! Ça ne m'arrive pas souvent durant une course mais cette fois-ci, j'ai regardé par-dessus mon épaule à plusieurs reprises durant les 2 derniers km !

À une intersection, des bénévoles prenaient les numéros de dossard des coureurs. Lorsque je suis passée, j'ai entendu: 3e femme, dossard 140. Ça m'a fait bizarre d'entendre ça mais j'avoue que ça m'a fait plaisir!

Environ 1 km avant l'arrivée, une femme qui venait de courir le 5 km s'est mise à m'escorter et à me pousser: "Let's go, tu es 3e, pousse, lâche pas !" Ça m'a donné une montée d'adrénaline.

Quand j'ai vu mon chrono, je n'en revenais pas. J'ai coupé 2 minutes sur mon dernier demi-marathon et je suis passée sous la barre des 1h35 avec un chrono de 1:34:43. Et étonnamment, mes pulsations étaient plutôt basses si je compare avec les Adirondacks (172 de moyenne).

Pour me préparer à mon marathon dans 3 semaines (Niagara Falls), j'ai couru 13 km supplémentaires après mon demi-marathon pour un total de 34 km. Ce qui me donne 2h50 de course aujourd'hui. Je n'ai pas frappé le mur, ça allait vraiment bien.

Hiiiiii ! Haaaa !

Attachez vos tuques, j'ai des grosses attentes pour Niagara. ;o)


P.S. Elle est rigolote ma poupée, hein? ;o)

Quelques mots avec Gareau

Lorsqu'elle m'a rejoint au 3e km:
- Hey, j'ai lu votre livre cet été.
Réponse: un sourire!

Vers le 8e km:
- C'est quoi ton chrono habituel?, m'a-t-elle demandé.
- Moins de 1h37. Et vous votre objectif aujourd'hui?
- Je ne sais pas.

Avant le turn around, je lui ai dit que je me préparais pour le marathon de Niagara.

Au fil d'arrivée, elle s'est excusé de m'avoir semée!
Je l'ai remerciée de m'avoir aidée à couper 2 min sur mon PB.

- C'est quoi ton objectif pour Niagara, a-t-elle demandé.
- Je ne sais pas, ai-je répondu. 3h30, ce serait bien mais je me demande si je pourrais faire 3h20...

Elle a réfléchi quelques instants et m'a répondu:
- 3h20, ça a de l'allure!

mardi 30 septembre 2008

Fenetre sur mon monde

Et voilà, je vous ouvre mon monde. Mon monde excessif compulsif complètement accro à la compétition. Je me sens comme chez les AA mais je suis chez les TT: triathlètes timbrés.

La prochaine année m'amène vers mon Ironmonde, mon Ironmode, mon Ironman : Lake Placid / juillet 2009!

dimanche 28 septembre 2008

Traitement Royal

Dimanche matin, 9h20. Piscine de St-Lambert. Jean (mon nouveau lapin marathonien officiel) et moi prenons place dans la voiture de Pierre, mon nouveau coach personnel officiel.

Pierre aura comme mission de m’aider à me qualifier pour Kona. Un rêve un peu fou puisque j’espère pouvoir y parvenir lors de mon premier Ironman! Mais comme je suis une TT (Triathlète Timbrée), je peux me permettre cette folie. Mais tout d’abord, il me prépare pour le marathon de Niagara Falls.

Jean, lui, a comme mission de pousser mes limites un peu plus loin. Je suis à la fois très heureuse et très flattée de pouvoir courir à ses côtés. Je l’admire beaucoup. Il a une technique de course incroyable qui me fait envie. C’est vraiment un privilège de l’avoir comme lapin!

Jean et moi avons chacun un marathon à l’horaire, à une semaine d’intervalle l’un de l’autre. Lui ira courir New York cette année. (Moi, je devrai patienter jusqu’à l’an prochain!)

Mais revenons à aujourd’hui. Pierre nous escorte en voiture sur le parcours sado-maso qu’il nous a tracé : des côtes, des côtes, des côtes. Au menu, le mont Royal, les HEC et l’oratoire St-Joseph ou il nous sera permis de lâcher quelques jurons. Au total, une trentaine de kilomètres.

Pierre nous dépose au parc Lafontaine, km « 0 » de notre périple. Après la série de côtes, nous repasserons ici avant de nous diriger vers le pont Jacques-Cartier et notre destination finale : la piscine de St-Lambert.

Comme c’est ma première sortie avec mes nouveaux partenaires officiels, je ne sais pas trop à quoi m’attendre. J’aurai droit à un traitement royal.

Avec sa voiture, Pierre nous escorte pour nous approvisionner en eau et pour nous indiquer le chemin. Très régulièrement, il sort de sa voiture et nous tend nos bouteilles d’eau. Le temps qu’il rembarque dans sa voiture, on ingurgite quelques gorgées puis on lui retend nos bouteilles à travers la vitre baissée. GÉNIAL. J’ai l’impression d’être une pro mais en fait, c’est le traitement qui est professionnel! Merci Pierre.

Il était théoriquement prévu de courir mollo… mais Jean et moi y allons rondement sans trop nous en rendre compte. Nous réussissons à maintenir une vitesse moyenne de 4 min 45 / km pendant 2h20 et cela , malgré toutes les côtes que nous avons gravies. On placote comme des pies mais le silence tombe lorsqu’on atteint le pont. Les km commencent à faire effet!

J’étais craintive avant de partir car la veille, je m’étais versé un pied en courant au Mont St-Bruno. Durant le Gala du club, j’avais même été obligée de retirer mon soulier parce que je ne pouvais plus le tolérer. Le simple poids des couvertures sur mon pied durant la nuit provoquait de la douleur… Mais comme je suis une TT (Triathlète Timbrée), et que je tenais ABSOLUMENT à courir avec Jean et ABSOLUMENT à courir 30 km… J’ai pris le départ avec mes coéquipiers.

Évidemment, mon pied m’envoyait des signaux à chaque foulée mais rien d’intolérable. Et comme ça ne me faisait pas boiter, je me suis dit que je pouvais continuer. J’espérais que je n’étais pas en train de détruire ma fin de saison mais j’avais vraiment du plaisir, je n’y pensais pas trop.

Le soir, en me couchant, je n’ai pas osé avouer à mon amoureux que mon pied était enflé!

Ayoye, c’est lourd un drap de coton!

Je ne suis pas prête à souffrir pour être belle, mais pour courir un marathon… je suis prête à encaisser! Je suis une Triathlète Timbrée.

dimanche 21 septembre 2008

Adirondack Half-Marathon


Le samedi matin, Éric et moi prenons place dans le véhicule de Guillaume. Blessé, notre ami a pris la sage décision de ne pas prendre le départ mais il nous accompagne pour nous encourager.Nous allons rejoindre un groupe d'une dizaine de coureurs qui participent à une course à Schroon Lake dans les Adirondacks. Nous partageons une maison, louée pour l'occasion.

Après avoir ramassé notre sac à l'expo, nous assistons à la projection du film "Spirit of the marathon" et soupons tous ensemble autour d'un repas de pâtes. Je dors peu et mal. Comme à l'habitude, je suis nerveuse.

L'événement est très bien organisé. Des autobus nous amènent à la ligne de départ. Quelques minutes avant le coup de carabine (une vraie!), je constate que mon ordi Polar me fait défaut, une fois de plus. J'ai beaucoup de problèmes avec depuis quelques semaines. Je suis vraiment frustrée mais n'ayant pas le choix, je devrais courir ce demi-marathon au "feeling". Pourrais-je faire mieux qu'à Ottawa? Les bornes du parcours sont en miles plutôt qu'en kilomètres alors c'est mêlant pour moi.





J'ai le pied sur la ligne de départ lorsque le coup retentit. Je pars comme une balle et suis convaincue d'être parmi les 25 premiers coureurs. Je n'ai aucune idée de ma vitesse. Ma seule donnée disponible sur mon Polar: mon rythme cardiaque. Je rejoins une femme. Devrais-je la prendre comme lapin? Je lui demande son pace puisqu'elle a un ordi. Elle me répond que si je maintiens le rythme, je ferai un chrono de 1:34:00. Je jette un coup d'oeil sur mon ordi: 176 battements/minute. Ok, je dois maintenir ce rythme. Elle et moi courons un bon moment côte à côte puis je la distance et dépasse quelques coureurs. Je suis satisfaite de constater que personne ne me rattrappe. Le parcours est magnifique, boisé et en "rolling hills". Il y a une femme, environ 1 km devant moi. J'espère pouvoir la rattrapper. Au fil des kilomètres, la distance entre-nous diminue tranquillement. C'est long 21 km, je pense bien pouvoir arriver à la dépasser.

Un point au côté me force à marcher quelques mètres à un point d'eau mais je repars soulagée. Les derniers milles deviennent plus exigeant. Les côtes se multiplient et les coureurs étant très éparpillés, on court vraiment seul. Je rattrappe tranquillement 2 hommes. J'en dépasse un en silence puis dit au deuxième de s'accrocher à moi: "Let's finish strong!" que je lui dit en passant devant. Il s'accroche effectivement. Il reste moins de 2 kilomètres, puis 1 puis je reconnais les lieux. Nous arrivons. Mais où donc cette foutue ligne d'arrivée? J'ai beau pousser, je me rends compte que je n'arriverai pas à dépasser la femme devant moi. Puis voilà Guillaume qui apparaît dans mon champ de vision. "Tu es cinquième Hélène!", me crie-t-il. Wow, je suis vraiment contente mais je cherche désespérément la ligne d'arrivée. Enfin la voilà! Et j'entends l'animateur qui crie lorsque j'approche: "An in the top five women: Helene Lamothe!" Je suis top five overall pour la première fois! Et première dans mon groupe d'âge. Et malgré un parcours plus exigeant ainsi un ordinateur qui m'a fait défaut, je suis parvenue à courir le même chrono qu'à Ottawa. Vraiment, je suis très heureuse. Lorsque j'apperçois les ours sculptés remis aux gagnants, j'espère en recevoir un. Et non, moi, ce sera une bouteille de sirop d'érable! Ça me fait bien plaisir quand même!






dimanche 14 septembre 2008

Coup de chaleur

Samedi sur l'île Notre-Dame, plusieurs personnes ont souffert de coup de chaleur et j'étais l'une d'entre elle.

Je me suis méfiée avant même mon départ au duathlon et j'ai pris la peine de me verser de l'eau abondamment sur la tête quelques minutes avant de partir. J'avais à peine parcouru 5 km de ma première boucle de 10 que déjà, je sentais une très forte chaleur au niveau de la tête. Je me suis arrosée à chaque point d'eau mais je n'ai vraisemblablement pas assez bu car sur mon vélo, j'ai vidé ma bouteille de Gatorade très rapidement, soit après seulement 2 tours sur 9.

Une première crampe douloureuse au mollet m'a forcée à m'arrêter et à débarquer de mon vélo durant le 2e tour. Ce qui ne m'étais jamais arrivée auparavant en 3 ans de triathlon. J'ai ensuite ramassé une bouteille d'eau mais il aurait été plus sage de prendre du Gatorade, ce qui m'aurait fournit des électrolites.

Comme je considérais ce duathlon comme une courte distance et que j'étais convaincue qu'il ne ferait pas si chaud, je n'ai pas pris la peine de m'amener des capsules de sel. J'aurais dû car à la première apparition d'une crampe, j'en aurais pris.

Au fil d'arrivée, j'ai eu des crampes musculaires douloureuses et des frissons. En fait, j'étais complètement gelée. Ma pression était plus élevée qu'à l'habitude et mon rythme cardiaque demeurait élevé même lorsque j'étais allongée (près du double de mon rythme cardiaque habituel).

Contrairement à ce qui se produit habituellement durant un coup de chaleur, je n'ai pas fait de fièvre et j'ai été chanceuse car je n'ai pas eu de vomissement.

Ça m'a pris environ une heure pour parvenir à me réchauffer sous 4 couvertures de laine et en prenant soin de retirer mes vêtements mouillés.

Selon la secouriste qui s'est gentiment occupée de moi, je me serais trop abondamment arrosée avec de l'eau durant ma course et j'aurais trop descendu la température extérieure de mon corps. Je ne suis pas trop certaine de comprendre la logique car en théorie, il me semble qu'il est conseillé de s'arroser aux points d'eau...

samedi 13 septembre 2008

Par la porte d'en avant

Enrhumée depuis 15 jours, je me sens fatiguée. Grosse semaine dans le corps. Mardi, entraînement sur la piste de 400 puis barbecue avec le club. Mercredi, soirée des Gémeaux. Mon amoureux et moi étions en nominations tous les deux cette année. Heureusement pas dans la même catégorie. Nous sommes revenus bredouilles mais flattés, tout de même, d’avoir été nominés. Vendredi, souper d’équipe chez Germain, je me couche à minuit pour la deuxième fois cette semaine et cela, la veille de ma compétition!

Je sais qu’il y a peu de femmes dans ma catégorie d’âge et que j’aurai un spot pour le Championnat du monde si je termine mon duathlon. Sincèrement, cette année, j’aimerais me qualifier par la porte d’en avant : avec un podium. Mais je ne me sens pas très bien alors mes attentes sont limités.

Je suis nerveuse. Je fais un petit warm-up avec Isabelle, Miguel et Michel. Leur présence me calme un peu intérieurement.

Je croise mon coach et je lui dit que je ne me sens pas bien. Ce qu’il me répond me restera en tête longtemps : « Dis-toi qu’aujourd’hui, tu vas savoir ce que tu peux faire quand tu ne files pas ».

Peu habituée aux départs qui se font si tard (13h30) et craignant la chaleur, je m’arrose copieusement la tête d’eau quelques minutes avant le moment fatidique.

Les secondes s’égrainent lentement et je réalise que mon GPS ne fonctionne pas. Merde, encore mon ordi Polar qui me joue des tours. Heureusement, ma copine Sylvie est là pour m’encourager. Je lui tends rapidement mon GPS pour m’en débarrasser.

Éric me crie de me placer plus près de la ligne de départ. Je me dis à l’intérieur de moi que ça ne change pas grand-chose aujourd’hui.

C’est parti. On s’élance vers le Championnat Canadien, vers une place pour le Championnat du monde de duathlon.

Je pars comme une balle pour attaquer mes 10 premiers kilomètres mais mes 2 rivales prennent de l’avance instantanément. Je sais que je pousse mais je sais également que je suis capable de tenir le coup. Tranquillement, à l’intérieur de 2 km, j’en dépasse une, puis l’autre. Hummmm… C’est bon pour le moral.

Je ne bois pas aux points d’eau pour gagner du temps en me disant que je pourrai boire en masse sur mon vélo. Vélo que j’enfourche rapidos après ma première transition.

Que j’ai soif!

Après 2 tours, (j’en ai 9 à compléter), il ne me reste plus rien à boire. Et je sens qu’une crampe au molet s’en vient. Ayoye. Quand ça pogue, ça fait mal. Je me mets à crier sur mon vélo et douleur oblige, je m’arrête sur le bord de la piste. Sophie arrive en courant. J’aimerais bien qu’elle puisse me masser le molet! ;o) Mais il faut que je reparte.

Heureusement, le molet est sous contrôle jusqu’à la fin de mon duathlon. Et heureusement, je peux obtenir de l’eau sur le parcours de vélo.

Mon avance gagnée en course à pied n’est pas suffisante, ma rivale me dépasse. Je ne serai probablement pas première à la Coupe du Québec…

Mes 40 km complétés, je me précipite pour ma dernière portion, un 5 km de course à pied. J’avais hâte de débarquer de mon vélo! Ça va plutôt bien. En fait, même si c’est souffrant de pousser, je sais, encore une fois, que je pourrai tenir.

Mais j’ai tout donné. Je suis épuisée. Une fois le fil d’arrivée passé, la machine se dérègle. Mon coup de chaleur se concrétise en grelottements et en crampes musculaires. Prise en charge par les premiers secours, je me ramasse toute nue sous 4 couvertures de laine, un thermomètre dans la bouche. Je n’ai aucune idée de mon classement quand soudain, j’entends l’annonceur dire : « Et en troisième place, de St-Basile, Hélène Lamothe. »

Hummm, Hummm, Hummm! Je me mets à marmonner avec mon thermomètre coincé entre les dents. Les secouristes arrivent en courant, croyant que ma situation empire. Dès qu’on me retire le thermomètre, je peux crier :

« C’est moi, c’est moi, j’ai une médaille. »

La porte d’en avant vient de s’ouvrir.

mardi 19 août 2008

Timberman 2008

Éric et moi avons vraiment passé une fin de semaine fantastique dans le cadre du Timberfest. Samedi, nous avons eu le privilège, comme plusieurs autres membres du club, de rencontrer Rick et Dick Hoyt! Eh oui, le père et le fils étaient présents à l’événement. Je vous avoue que lorsque je les ai aperçus avec les autres exposants, j’ai eu les larmes aux yeux. Avouez que c’est impressionnant de se retrouver devant 2 légendes du Ironman. Ils ont également couru le marathon de Boston 25 années consécutives, et de nombreuses fois sous les barres des 3h00!

Nous sommes allés discuter avec eux puis j’ai acheté leur biographie. Dès que je l’aurai terminée, il me fera plaisir de la faire circuler auprès des membres du club qui désireront en apprendre plus sur leur histoire.

(Revoici les liens de la semaine passé pour ceux qui ne sauraient pas encore de qui je parle)

Le matin du demi-ironman, j’ai vu le père prendre le départ et s’éloigner à la nage en tirant son fils derrière lui dans son bateau gonflable. Il aurait été difficile de me trouver une excuse pour ne pas terminer ma nage!
Les conditions sont vraiment excellentes, de mon point de vue, pour mon deuxième demi-ironman. La nervosité est présente, évidemment, mais une magnifique déesse aux gros seins est là pour nous divertir dans l’eau dans les minutes précédant le coup de départ… Une déesse aux gros seins? Eh oui, un homme est costumé avec une perruque blonde, une robe rouge vif et arborent fièrement une énorme paire de faux seins. Il est vraiment rigolo et j’ai tenu à recevoir un hug de sa part avant d’affronter ma première portion de triathlon : 1,8 km de nage. Le lac est vraiment magnifique, l’eau est claire et je me sens en contrôle.

À la sortie de l’eau, deux hommes me déshabillent en vitesse… et j’aime ça! Pour la première fois, j’ai la chance de me faire « stripper »! Ici, pas besoin de se battre pour retirer notre wet, on s’en charge pour vous. J’ai adoré l’expérience.

Rapidement, je me dirige vers l’amour de ma vie : mon vélo! Aujourd’hui, je voyage léger. Seule ma bouteille Profile Design, sur mes barres, est remplie. Je fais confiance aux points d’eau pour me ravitailler le long des 90 km. Ça aussi, j’ai vraiment apprécié. C’est finalement très facile d’agripper les bouteilles qu’on nous tend.

Tout le long du parcours de vélo, je m’amuse comme une petite folle sur ma monture et au turn around, lorsque je regarde ma vitesse moyenne, je constate qu’il m’est réaliste de le compléter en moins de 3h00, un chiffre magique pour moi car j’aimerais réaliser le même chrono qu’à Montréal (5h26) et si je fais mon vélo en 3h00, mon objectif est réaliste. De plus, avec ce chrono, peut-être que le roll down se rendra jusqu’à moi pour un spot aux Championnats du monde… La fougue et l’adrénaline sont au rendez-vous, tant pis si je paye à la course à pied, il faut que je tente le coup!
La broue dans le toupet, j’arrive à la zone de transition. Pour la première fois de ma vie, les racks sont vides lorsque j’accroche mon vélo. Une excellente nouvelle!

Maintenant, le fun se poursuit à la course à pied, la confiance rêgne. J’ai un compte à régler avec la nage en mer, je veux un spot pour le Championnat du monde!

Le parcours de course me semble plus facile que dans mon souvenir malgré le parcours assez vallonneux. Mon ordinateur de course me joue des tours. Je dois donc courir au feeling plutôt qu’en me fiant à la technologie. Je n’ai aucune idée de mon pace. Tout ce que je sais, c’est que j’essaie de dépasser toutes les femmes devant moi.

Au turn around, revoici la déesse aux gros seins. Je joue au macho et je lui en pince un au passage. J’ai maintenant de la testostérone en moi pour mon dernier 10 km de course. Les points d’eau sont nombreux. Je m’arrose copieusement à chaque fois que j’en ai la chance et je prends soin de m’hydrater… mais sans ralentir mon pace. Hors de question de ralentir.

Lorsque le fil d’arrivée est
enfin en vue, j’ai un choc : le chrono indique 6h15! WHAT???? Je suis déçue un dixième de seconde puis je réalise tout à coup que je dois soustraire environ 45 minutes à cause de ma vague de départ. Mais le manque de glucides empêche mes neurones de calculer et de plus, dès que je franchis le fil, mes neurones coupent le contact avec mes jambes. Je fais trois petits pas et mes genoux fléchissent. Je me ramasse par terre mais je suis euphorique. Maudit que j’ai eu du fun!


J’ai plein de fourmis dans les jambes, je ne peux pas me relever et je n’arrive pas à articuler clairement lorsque la personne qui m’a prise en charge me pose des questions. Mais je m’en fous, j’ai un immense sourire dans le visage et à mon avis, ça vaut toutes les réponses.

Mon chrono final : 5 :30 :43. Je suis en 10e position dans mon groupe d’âge sur 101 femmes. Ma meilleure performance à vie en triathlon, à l’antipode de mon résultat à Vancouver ou j’ai terminé 74e sur 76! J'étais bien préparée, j'étais reposée et j'étais surtout très motivée!


Mais moi qui étais motivée tout le long par l’obtention d’un spot pour le Championnat du monde, je trouve le moyen d’arriver en retard lors du roll down ! Est-ce qu’ils sont descendus jusqu’à moi? Je le saurai dans quelques jours lorsque les noms seront publiés, mais de toute façon, il est trop tard. Il fallait être présent.

C’est pas grave! J’ai eu trop de fun pour que ça me laisse un goût amer.

Maintenant, j’ai vraiment hâte à Lake Placid ! Je vais compter les dodos !

jeudi 12 juin 2008

Vancouver YouTube

J'ai trouvé ce vidéo sur Youtube qui montre la sortie de l'eau des premières femmes de 30-35 ans aux Championnats du monde, le groupe qui me précédait.

Ça donne une idée.

http://youtube.com/watch?v=DFfJFDL3tB0

mercredi 11 juin 2008

Vancouver 2008 PreRoll

Ça y est, le Championnat du monde de triathlon est derrière moi. Que d'émotions. Je n'ai fracassé aucun record sinon, peut-être, celui du plus long chrono à la nage! Moi qui redoutais cette épreuve dans l'océan, j'en ai eu pour mon argent! Dans une eau à 12,5 degrés et parmi les vagues, plus de 32 minutes pour parcourir 1100 mètres, c'est long longtemps ! Vingt minutes après mon départ, alors que je jouais au bouchon de liège, les organisateurs ont pris une décision historique : canceller la nage et transformer l'événement en duathlon. Les femmes de 50 ans et plus ainsi que tous les hommes (plus de 1000 athlètes) ont donc vu l'événement pour lequel ils se préparaient depuis des mois transformé radicalement. Il semble que les embarcations de secours aient eu trop de difficulté à demeurer en place. Mais lorsque cette décision a été prise, moi, je luttais déjà contre les éléments et c'était loin d'être terminé ! Après avoir vécu cette expérience, je suis au moins convaincue d'une chose : jamais je ne me noierai ! Mais lorsqu'on franchit le fil d'arrivée d'un Championnat du monde, on oublie les intempéries, le froid et l'épuisement car je peux vous assurer que la seule chose qui compte ensuite, c'est de se requalifier pour 2009 !

samedi 7 juin 2008

Championnats du monde 2008


Triathlon World Championships 2008!

Quelle expérience extraordinaire!

Malgré le temps de cochon qu’il a fait à Vancouver durant les Championnats du monde (pluie quotidienne et 12 degrés en moyenne), j’ai vécu ma plus intense expérience de triathlète. J’ai profité de chaque seconde ici comme d’un privilège exceptionnel.

Dès notre arrivée (3 jours avant ma course), nous avons été plongés instantanément dans l’ambiance. Tout le quartier ou nous demeurons – et notre condo est super bien situé – est envahi par des athlètes du monde entier. Nous croisons d’abord des triathlètes d’Afrique du Sud! Puis se succèdent les Australiens, les Tchèques, les Mexicains, les Kiwis de Nouvelle Zélande, les Japonais… Ils viennent de partout et portent fièrement, tout comme moi, les couleurs de leur pays. C’est génial!

Dès le premier soir, Éric et moi joignons l’équipe canadienne pour un premier entraînement de course à pied. Pas évident de comprendre le trajet que nous aurons à emprunter pour l’épreuve et personne – pas même l’entraîneur – ne semble en mesure de nous l’expliquer correctement. On se fait dire que le jour de la course, nous n’aurons qu’à suivre le troupeau!



Super préparation mentale! ;o)

Jeudi matin, entraînement vélo/course avec l’équipe canadienne. Il pleut à boire debout, il fait 9 degrés et l’eau de la mer avoisine les 10 degrés. C’est aujourd’hui l’épreuve des Juniors. En attendant les retardataires, nous encourageons les athlètes féminines qui en sont déjà à leur course à pied. L’une d’entre elles, et ce ne sera pas la seule, coure avec son casque de vélo sur la tête. Au début, on trouve ça rigolo puis on réalise que c’est parce que les athlètes ont les doigts gelés et qu’elles ne sont pas parvenu à détacher leur casque qu’elles courent avec! Le coach en profite pour nous suggérer de nous pratiquer à mettre et enlever notre casque sans nos doigts! Et il nous reparle d’hypothermie, encore une fois…

L’épreuve des Juniors nous empêche d’emprunter le circuit de vélo. Et ce ne sera pas aujourd’hui que je pourrai y rouler car le reste de la journée est rempli d’activités « protocolaires ». Disons que ma préparation s’annonce mal jusqu’à maintenant.

D’abord, il y a le lunch officiel de l’équipe canadienne. Wow. Une salle bondée par 600 athlètes canadiens! On y apprend que le défilé des athlètes est annulé à cause de la température. Puis, une annonce INCROYABLE qui me rend EUPHORIQUE : la distance de nage des athlètes olympiques sera réduite à 900 mètres afin de prévenir les hypothermies ! Moi qui suis une piètre nageuse, j’ai presque versé une larme de joie. Mais je suis très consciente que pour plusieurs athlètes ici, ce n’est pas une bonne nouvelle. Ceux qui excellent en nage et qui espéraient y prendre de l’avance sont extrêmement déçus. Je trouve que c’est vraiment injuste pour eux.

Après le lunch, c’est la photo officielle de l’équipe. Les athlètes entament spontanément l’hymne national.



Pour clore la journée, il y a le souper officiel des athlètes qui a lieu à l’Aquarium de Vancouver. Quelle idée fantastique.

LA COURSE DE JÉROME

Le vendredi matin, Éric et moi nous dirigeons vers la plage pour encourager Jérôme. On sent sa nervosité et je suis inquiète pour lui à cause de sa cheville. Je l’aide à zipper son wet et passe près de faire une syncope : son zipper se défait parce que je le remonte trop brusquement à son cou! Mon dieu! Je viens de scrapper sa course que je me dis! Pas de problème, qu’il me répond calmement, c’est fait exprès pour se détacher autant en haut qu’en bas!

Dès le coup de départ, nous nous dirigeons vers la zone de transition située 800 mètres plus loin pour l’encourager tout au long de l’épreuve. En longeant la berge, je constate que les embarcations pour assurer la sécurité des nageurs ne sont vraiment pas nombreuses. J’en fait la remarque à Éric qui me dit de ne pas faire de renforcement négatif. Il y a suffisamment d’embarcations selon lui… En fait, c’est ce qu’il me dit, mais il m’avouera plus tard, après mon triathlon, que lui aussi ça l’a inquiété!

Nous assistons aux deux transitions de Jérôme, à sa portion vélo et on lui crie des encouragements durant sa course à pied. J’espère que sa cheville ne le fait pas trop souffrir. Éric et moi le trouvons très courageux et déterminé.


Durant sa portion vélo, nous remarquons un jeune homme qui roule vraiment lentement suivi par un scooter. Ses bras tremblent. Ce n’est pas rassurant de le voir, il est visiblement en hypothermie. Quelques minutes plus tard, le Championnat du monde est terminé pour lui : il est transporté vers l’infirmerie. Ça me fend le cœur.

Nous nous dirigeons vers le fil d’arrivée mais Jérôme est plus rapide que nous! Il court à la vitesse de l’éclair, une vraie gazelle!


Lorsqu’on le rejoint, j’ai des papillons dans le ventre. Demain, ce sera mon tour!

CRISE D’ANGOISSE



Nous retournons au condo et pendant que j’essaie de faire une sieste, Éric va faire quelques commissions. Je n’arrive pas à dormir et je deviens de plus en plus anxieuse. La veille de mon événement, je ne connais ni le parcours de course, ni le parcours de vélo et je n’ai pas encore nagé dans cette eau glacée! La nervosité est à son comble et je ne peux contrôler une crise de larmes.



J’appelle ma copine Christiane à Montréal qui, je le sais, m’accompagne en pensées. Je tombe sur sa boîte vocale et lui laisse un message de panique, le sanglot dans la voix. Heureusement, je réussis à reprendre le contrôle avant le retour de mon amoureux. Je ne veux pas qu’il me voit dans cet état. Maintenant, ça presse, il faut que j’affronte l’océan.

Par solidarité, Éric enfile son wet lui aussi et me précède dans l’eau. Plusieurs athlètes nous ont confié que l’eau est si froide qu’après 5 minutes, on ne sent plus nos pieds et nos mains. La douleur disparaît donc. J'avance dans l'eau en analysant les sensations. Puis je me décide à mettre mon visage à l’eau et nage pour la première fois. Quoi? C’est juste ça? Oui, c’est « fret en ostie » mais je peux tout à fait vivre avec ça! Et de toute façon, ça ne prend pas 5 minutes, ça n’en prend que 2 et on ne sent plus rien! Me voilà rassurée! Mon sourire est revenu. Je sais maintenant que je vais réussir à terminer ma nage! Je n’ai plus de doute.

Nous nous dirigeons ensuite vers le circuit de vélo pour effectuer 2 boucles de reconnaissance puis j’amène mon vélo à la zone de transition. Je dois me séparer de lui pour la nuit… qui sera courte.


MON CHAMPIONNAT DU MONDE



Samedi matin, je me lève en chantant. Ça y est, c’est MON Championnat du monde. Je suis toute heureuse de constater qu’il fait 11 degrés! Wow il fait chaud aujourd’hui et il ne pleut pas malgré un ciel couvert. Il y a un peu de vent par contre et pour la première fois depuis notre arrivée, il y a des vagues dans English Bay…

Dans la tente ou j’enfile mon wet, j’apprends que l’eau est à 12,5 degrés Celcius et que j’aurai finalement 1100 mètres à parcourir à la nage. On m’aurait annoncé 1500 que ça n’aurait fait aucune différence pour moi. Je suis prête.


Je suis plutôt calme lorsque, sur la ligne de départ, je pose mes pieds sur le tapis ou est inscrit le numéro 49. Avec mes bouchons dans les oreilles, je ne suis pas certaine d’entendre le coup de départ. Dès que les autres femmes de mon groupe d’âge se précipitent, je fais pareil.

En l’espace de quelques secondes, je réalise l’ampleur des vagues. Je ne sens même pas la température de l’eau tellement elles me surprennent. Décontenancée, le souffle coupée, je me tourne sur le dos quelques secondes. Du calme Hélène, t’es capable. Je recommence à nager le crawl, enfin j’essaie car il faut lutter constamment contre les vagues. Je décide de mettre un pied au fond… Oups, je ne touche plus le fond. Ça y est. C’est pour de vrai maintenant. Dans ma tête, c’est le point de non retour!

La première bouée est à environ 150 mètres… Une bouée à la fois, Hélène… Une bouée à la fois. À ma droite, il y a un kayak et une femme qui se dirige vers lui. Déjà, les autres femmes de mon groupe d’âge ont pris leur distance devant. Nous sommes trois à l’arrière dont une femme aux lunettes roses qui semble à deux doigts de la panique. « You can do it », que je lui crie. Elle fait du surplace et regarde partout. « Une bouée à la fois », que je lui crie en anglais… Elle ne répond pas, alors j’ajoute : « We’ll do it together, OK? » Une bouée à la fois... Elle me répond finalement : « OK, but stay close to me. » À trois, nous repartons. Et à plusieurs reprises, ma nouvelle partenaire dont je ne saurai jamais le nom me crie : « Stay close to me »! ... Il est hors de question pour moi que cette femme ne termine pas sa nage.

Bizarrement, moi qui ai fait des crises de panique en eau libre par le passé, je me sens tout à fait calme. Je pense aux survivants du Titanic … Moi, j’ai un wet et je flotte. Y’en a pas de problème… Pourtant les vagues me malmènent et j’ai beaucoup de difficulté à avancer. Même si je suis tout à fait calme, il est clair que je suis présentement en mode survie. Je ne suis plus dans une course contre la montre… La seule chose qui compte pour moi, c’est de sortir de l’eau à la même place que toutes les autres. Ces autres qui ont d’ailleurs disparues de mon champ de vision. Nous ne sommes plus trois maintenant, je suis seule dans les vagues… loin derrière. Et dans mon champ de vision, il n’y a aucune embarcation. Et je n’ai verrai aucune jusqu’à ma sortie de l’eau.
Je pense à mon amoureux qui doit être en train de longer la rive… Je sais qu’il s’inquiète pour moi. Allez Hélène… une bouée à la fois. Les vagues me secouent et jouent avec moi comme un bouchon de liège, comme une bouteille à la mer. Mais j’ai un message d’espoir en moi. Il n’y aura pas de DNF (did not finish) à côté de mon nom.

Je pense à Christiane et à ce qu’elle m’a dit : je vais être à côté de toi. Alors tout va bien aller, elle est là, dans mes pensées.

Je pense à toutes sortes de choses. Je pense à mes 350 plongées sous-marines. Je me demande ce que ce serait que d’avoir mon équipement sur le dos et d’essayer de rembarquer dans un bateau avec les vagues. Je pense au plancton dans lequel je barbotte. Je souris quand le soleil vient me narguer et à chaque fois que je passe une bouée.

Puis mes pensées sont interrompues par une nageuse qui me dépasse et qui porte un casque vert. Le mien est bleu… Ça y est, les femmes de 40-45 ans, qui sont parties 10 minutes après moi, me rattrapent! Ayoye, ça fait longtemps que je suis dans l’eau! Alors je pense à Éric encore une fois. Il doit vraiment s’inquiéter… Il pense peut-être que j’ai abandonné… Sera-t-il là à ma sortie de l’eau?

Ça y est, voici la dernière bouée. De nombreuses nageuses au casque vert m’entourent. Nous tournons vers la droite afin de nous diriger vers le rivage. Ça va être plus facile maintenant, que je me dis, puisque j’aurai les vagues dans le dos. Mais je n’ai plus de pieds, plus de mains et j’ai l’impression que mes bras et mes jambes font un peu n’importe quoi. De plus, je me sens tout à coup très étourdie. La houle est pénible et je ne sais plus ou sont ma gauche et ma droite. J’essaie d’analyser ce que mon corps essaie de me dire. Est-ce que je suis en hypothermie? Je n’ai pas de frisson alors ça ne doit pas être ça. Je déduis que ça doit plutôt être le mal de mer.

Lorsque j’aperçois des nageuses se mettre à courir hors de l’eau, l’émotion m’étreint. Je dépose enfin un pied au fond! C’est fini! J'ai réussi! Il n’y aura pas de DNF à côté de mon nom. Peu importe mon classement, je pourrai fièrement écrire DNA : DID NON ABANDON!

VÉLO
Pas évident de courir quand on ne sent pas ses pieds. Ma transition est plutôt lente et étonnement, je n’ai pas les mains gelées. Aussitôt assise sur mon vélo, je réalise à quel point j’ai brûlé de l’énergie dans l’eau. Je me sens complètement vidée. Je mange rapidement quelques blocks pour obtenir un peu de glucides.

Pendant mes 40 km de vélo, je réussis à dépasser 2 femmes de mon groupe d’âge. Ça m’importe peu.

Le parcours dans Stanley Park est magnifique et assez exigeant. Tout à coup, j’aperçois un tandem. Assise à l’arrière, il y a une femme qui doit bien avoir près de 60 ans, plutôt ronde… UN TANDEM! Ça veut dire qu’elle est aveugle! L’émotion m’étreint et les larmes emplissent mes yeux. Elle a parcouru 1100 m dans les vagues AVEUGLE! Je me sens minuscule et insignifiante à côté d’elle! Et je pense à tous ces athlètes handicapés, avec un seul bras ou sans jambes qui ont affronté les conditions de la mer. Mon admiration est sans borne.

Durant mon dernier tour de vélo, je constate qu’il n’y a aucun homme sur le parcours. Bizarre…

COURSE À PIED

Je ne sens pas mes pieds lorsque je débarque de mon vélo et j’enfile difficilement mes souliers. Mes orteils ne reviendront à la vie qu’après 6 km de course à pied. Pour le moment, ce sont des roches au bout de mes souliers.

Courir est pénible. Les 21 km de mon demi-ironman étaient une partie de plaisir à comparer à aujourd’hui. Moi qui espérais maintenir mon pace du demi-marathon d’Ottawa (4:35), je peine à me maintenir sous les 5 minutes du km. Autour de moi, il n’y a que des femmes plus âgées. Je devrais avoir honte de ma performance mais je me concentre plutôt sur ma course.

J’aperçois un imposant groupe d’hommes qui semble attendre un départ. Je me demande bien ce qu’ils font là. Y a-t-il une épreuve de course à pied en même temps que les Championnats du monde? Impossible. Je continue ma course. Tout à coup, un immense peloton d’hommes se trouve sur mon chemin. Comment ça se fait que je n’ai vu aucun homme en vélo et qu’il y en a plein qui courent maintenant? Mystère et boule de gomme. Ce n’est qu’après ma course que j’apprendrai que 20 minutes après mon départ à l’eau, les Championnats du monde de triathlon se transformaient en duathlon. Malgré les conditions que j’ai affrontées dans la mer, je me sens extrêmement privilégiée d’avoir pu nager!

Mon troisième lap de course à pied achève et je me dirige maintenant vers le fil d’arrivée. Je suis extrêmement émue et ça me donne des ailes. Mon ordinateur Polar enregistre maintenant un pace de 3min 45 au km! Mon regard ratisse la foule. Je cherche le bénévole qui distribue des drapeaux canadiens. Ça m’en prend un absolument! Quand je l’aperçois, mes yeux se remplissent, je lui arrache ce précieux (et quétaine, je le sais!) souvenir et je le franchis, ce fameux fil d’arrivée.

Un moment unique qu’il est difficile de décrire et de partager.

J’étais tellement bouleversée que les bénévoles pensaient que j’avais besoin d’aide médicale. Non, non, c’est pas ça... Je n’arrêtais pas de pleurer alors j’ai demandé à la bénévole qui me soutenait : « Est-ce que je peux avoir un hug? » « Off course », qu’elle m’a dit en me serrant dans ses bras. C’est probablement la personne que j’ai serrée le plus fort dans ma vie. « She just want a hug » !, a t-elle dit aux autres. Alors une deuxième femme s’est approchée pour me prendre elle aussi dans ses bras.

J’ai peut-être terminé 74 sur 76 mais il y a eu 3 abandons à la nage dans mon groupe d’âge et je n’en fais pas partie.

Pierre Svartman, je m'adresse à toi: je peux te garantir que je suis sortie de ma zone de confort durant cette nage!

I am a survivor.


P.S. Lors de la cérémonie de clôture, je me suis amusée comme une petite folle… à échanger mes vêtements avec les autres athlètes du monde! Je ne connaissais pas cette coutume. Mon manteau de l’équipe canadienne valait de l’or mais il était hors de question que je m’en sépare. J’ai plutôt échangé mon t-shirt de l’équipe contre un maillot de triathlon une pièce de l’équipe de Grande-Bretagne! Une triathlète canadienne qui a assisté à la transaction était verte de jalousie.

J’ai ensuite obtenu le magnifique chandail de vélo de l’équipe espagnole (youppi!) contre un chandail de triathlon Canada. Et finalement, j’ai même réussi à échanger ma casquette du Championnat (tous les athlètes en avaient reçu une) contre un chandail de l’équipe sud-africaine! Comme ce sont les premiers athlètes que j’ai croisés en arrivant ici, je voulais vraiment en obtenir un. Je suis ravie! ;o)