Iron Roman - Le récit de mon Ironman

Pour lire le compte-rendu de mon expérience à Lake Placid le 26 juillet 2009, cliquez ici.












Pour voir le "Photo Roman" de mon Ironman, cliquez ici.





jeudi 30 juillet 2009

Je suis comblée!

Comblée. Je suis absolument comblée.

J’ai de la difficulté à décrire à quel point mon Ironman a répondu à toutes mes attentes.

Je suis vraiment comblée.

Le seul et unique endroit de mon corps qui était endolorie le lendemain, c’était mes joues! J’ai tellement sourit tout au long du parcours. Sourit même lorsque mon marathon s’est corsé autour du 30e km.

Honnêtement, très sincèrement et sans aucune prétention, j’ai trouvé ça facile.

Facile même lorsque ça l'était moins.

J’étais prête.

PESÉE OFFICIELLE AVANT LE COMBAT

Nous sommes arrivés à Lake Placid le jeudi précédant la course, juste à temps pour aller chercher mon sac d’athlète. Une des premières étapes de la file d’attente : la pesée officielle. J’en déduis que s’il m’arrive quelque chose et qu’on doive m’administrer des solutés, on saura au moins mon poids au départ. Avec mes souliers, la balance indique 104,4 livres. J’ai pris du poids durant mon taper!

VENDREDI: 2 jours encore

Le vendredi matin, ma copine Valérie m’aide à préparer mes sacs de transitions. J’en ai 5. Assises à notre table de pique nique au North Pole Campground, Valérie prend en note tout ce que je désire insérer dans chacun d’eux. C’est un moment extrêmement agréable et détendue. Je suis très heureuse qu’elle soit là. Ça nous prend près de deux heures. On prend notre temps, on placotte. Ça fait du bien de relaxer.

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Cette journée là, après avoir préparé mes sacs, je vais courir 6 km et je nage une quinzaine de minutes. En fait, je vais à l’eau essentiellement pour prendre des points de repères autres que les bouées pour me guider à la nage (des points de repères plus haut : une montagne et une bâtisse). Je décide également de l’endroit où j’irai m’installer pour attendre le coup de départ.

SAMEDI: 1 JOUR avant

Je passe la majeure partie de ma journée seule. Mes amis et mon amoureux partent rouler. Je revérifie le contenu de mes sacs puis je vais rouler un peu sur la « rallonge », soit une vingtaine de km. Je constate que mes vitesses semblent instables sur le petit plateau… Je n’y accorde pas trop d’importance parce que je ne veux pas me stresser… Un peu nono parce qu’en fait, je l’apprendrai après ma course, des pièces sont cassées dans mon « shifter droit » ! Ça aurait pu très mal tourner!

Je me sens très détendue mais le temps passe rapidement et subitement, je suis en retard d’une demi-heure sur l’horaire que je m’étais fixée pour aller porter mon vélo à la zone de transition. Ça y est : le piton panique embarque. Je deviens très nerveuse et fébrile pour le reste de la journée.

Le soir, nous soupons avec plus d’une vingtaine de personnes au restaurant et je deviens très très émotive (eh, oui, je pleure comme une Madeleine) lorsque je quitte ma gang.

IRONDAY

Rongée par le stress, la nuit m’a parue extrêmement longue et courte à la fois. Deux ou trois heures de sommeil, tout au plus. Mais lorsque le cadran a sonné, ma nervosité s’est envolée instantanément.

Aujourd’hui, je m’en vais faire un triathlon. C’est simple : nager, pédaler, courir. J’ai l’habitude et je vais essentiellement me concentrer là-dessus.

Nager, pédaler. Courir.



C’est en baillant que j’ai mangé mon déjeuner dans la voiture et que je me suis fait marquer 2226 sur les bras et les cuisses.



Ma nouvelle identité.






Après avoir rendu une dernière visite à mon Pinarello dans la zone de transition pour le débarrasser de ses sacs de poubelles (qui devaient protéger la chaîne et les dérailleurs de la pluie durant la nuit),



je suis allée ensuite déposer mon sac « special needs »



et j’ai enfilé mon wet suit.



À la plage, j’étais vraiment heureuse de rencontrer Jean-Pierre, mon inspiration. C’est lui qui le premier m’a parlé de Ironman et c’est lui qui m’a décrit, il y a 4 ans, le parcours de Lake Placid en me disant : « Tu vas voir, quand tu vas faire ton Ironman… ».


Alors voilà, ce matin, j’allais voir!

Nous entrons dans l’eau ensemble. En passant le premier tapis, j’ai constaté sur le chrono officiel que ma montre a 7 sec. de différence. JP est un excellent nageur et n’a pas peur de la mêlée alors nous nous séparons. Moi, je m’en vais tranquillement vers mon spot, sur la rive opposée, les deux pieds plantés sur une roche, à environ une dizaine de pieds de la ligne de départ suspendue au dessus de l’eau. Je nagerai en diagonale dans l’eau pour me rendre vers les bouées. Ça me rallongera un peu mais m’évitera la cohue.

Aucune nervosité. Aucun papillon dans le ventre. Aucune bibitte dans la tête!

Je jase avec une dame d’une cinquantaine d’années. Elle prévoit nager en 1h30. Moi aussi. Alors pourquoi ne pas nager ensemble? Je surveille ma montre. Le coup de départ s’en vient… Je lui dis rapidement que je vais attendre un peu pour partir.
BANG.

« How long are you gonna wait? », me demande t-elle?

“ I think we can go” que je lui réponds instantanément. Ainsi, moins de 10 sec. après le coup de départ, je commence à nager.

NAGE

Je suis très concentrée sur ma nage et fait surprenant, malgré la présence de plus de 2000 nageurs, j’ai l’espace nécessaire autour de moi pour nager confortablement. C’est au bout de 10 minutes (je regarde ma montre sous l’eau), que l’étau se resserre légèrement. Les nageurs commencent à me frôler mais honnêtement, ça ne m’embête pas du tout. Je constate que je suis maintenant parallèle aux bouées et à une dizaine de pieds d’elles. J’ai dépassé de très nombreux nageurs et ça me fait plaisir!

Au turn around, à 900 mètres, je regarde ma montre sous l’eau : 19 minutes. WOW. Ça y est, je commence à sourire. Et oui, sous l’eau, je commence à sourire.

En revenant vers la plage, je peux déjà utiliser la corde sous l’eau (qui relie les bouées), pour me guider. Génial.

Et lorsque je sors de l’eau pour terminer mon premier tour (il faut passer sur un tapis en courant et replonger à l’eau), le chrono indique 39 minutes. WOW, je capote et retourne à l’eau en souriant!

Près du turn around, ma montre indique 59 minutes. Le courant généré par les milliers de nageurs qui tournent en rond m’est extrêmement bénéfique!





Je complète ma nage en 1;21;23. La petite madame est très très très contente!



(Avez-vous remarqué? Je suis en train de perdre mes lunettes de natation!)

TRANSITION 1

Je me jette à terre devant deux hommes qui me débarrassent rapidement de mon wet et m’élance vers la zone de transition où une surprise m’attend. Ma copine Christiane, avec qui j’ai partagé tant d’émotion durant ma deuxième saison de triathlon est là. Elle était là lorsque que je me suis qualifiée pour le Championnat du monde de triathlon et par hasard elle est là, disponible, pour m’aider aujourd’hui en tant que bénévole pour effectuer ma transition.

Elle me crème rapidement pour me protéger du soleil pendant que j’enfile mes bas. Je décide de ne pas prendre ni mon imperméable ni mes « arm warmers ». Vite, vite. Je m’en vais. Et elle, elle part de son côté avec mon sac.

OUPS!

CHRISTIANE! Que je lui crie. Heureusement que je la connais! Je m’en allais partir sans ma nourriture, sans mes pilules de sel et sans mes gants!

Je prends ensuite le temps de vider ma vessie puis j’enfourche mon vélo.

Me voilà partie pour 180 km.

VÉLO - 1ère BOUCLE

Je me sens en pleine forme. Je sais que je dois être prudente pour ne pas me brûler durant le premier tour. C’est le piège à cons idéal. Alors je me répète un mantra :



Mouline, Hélène.


Mouline, Hélène.


Et mon mantra devient tranquillement :



Mouline, Héline. Mouline, Héline.



Je trouve ça rigolo et je me le répète constamment.

En conservant une cadence élevée, je travaille moins en puissance et j’espère ainsi conserver plus d’énergie.

Il y a des cyclistes partout. C’est tellement impressionnant!

Dans la longue descente de 13 km, j’atteint une vitesse de 69.1 km/h. Ensuite, le parcours devient plus plat. C’est ma piste de course préférée. Je dois demeurer prudente mais je ne peux m’empêcher de m’en donner à cœur joie : 36 km/h.

À Jay, les montées commencent. Pas de problème.

PAPA BEAR ET MOMMY SWEET

À la rallonge, (le parcours ressemble à un « Q », et la rallonge, c’est la petite ligne du « Q »), se trouve Phil, mon « Papa Bear », 69 ans.

J’ai rencontré Phil et sa conjointe Jimmie lors de mon précédent voyage à Lake Placid. Je suis tombée en amour avec ce couple charmant.





Phil est bénévole à l’entrée de la rallonge. Je le croiserai donc 4 fois en vélo. Dès que je tourne le coin, je me mets à hurler son nom :

"PHIL ! PHIL ! Where are you ! Phil !"

“I am here sweetheart! I love you !” qu’il me crie.

Phil m’avouera plus tard que lorsqu’il m’a entendue crier son nom, son cœur de père s’est « serré comme un raisin ».

Je lui crie à plein poumons : Phil ! This is great ! This is great !






Et je m’enfonce dans la rallonge.


C’est l’heure de pointe. Il y a tellement de cyclistes - et ça roule à fond de train - que je suis crispée sur mon guidon. J’ai peur que quelqu’un échappe une bouteille de vélo et que ce soit l’hécatombe. C’est vraiment, vraiment, vraiment impressionnant à quel point il y a des cyclistes dans les deux directions.

Au retour, je recroise Phil. Je lui crie que je l’aime et lui aussi.





Mommy Sweet est assise devant le North Pole Campground devant lequel je passe. Je crie son nom et je lui fais frénétiquement signe de la main. Je suis tellement heureuse qu’elle soit là, en compagnie de Ken et Mary, deux autres copains du camping, pour m’encourager.





Lorsque j’arrive à la dernière montée surnommée « Papa Bear » (!!!), l’ambiance de la foule est survoltée. L’émotion m’étreint. C’est incroyable l’énergie que cela nous transmet et c’est ainsi tout au long de la ville que je traverse.

Je croise mon amoureux pour la première fois. Je lui crie que je l’aime, que je l’aime, que je l’aime!


Mon premier 90 km m’aura pris 3h15. Je vise 180 km en 7h00… Je suis en avance. C’est extraordinaire mais je dois être très prudente pour ne pas hypothéquer le reste de ma course.




(Après mon passage en vélo, mon amoureux est parti en courant à travers un raccourci afin de me voir passer une deuxième fois... Il prend même le temps de sortir son "pompom" de cheerleader pour m'encourager...)

VÉLO: DEUXIÈME BOUCLE

Alex, un Ironman d’expérience du club, m’avait prévenue qu’à la sortie de la ville, je pourrais avoir un down. Le trajet passe en campagne et la foule disparaît. On se retrouve seul avec soi-même dans le silence même s’il y a d'autres cyclistes.

Le parcours monte et à 110km environ, mon énergie descend pour la première fois. Et comme je m’en fais la réflexion, j’entends une voix : « Hey, madame Lamothe ». Je suis en train de dépasser tranquillement Mélanie R., une Ironman qui n'en est pas à sa première expérience ici.

Elle me dit qu’elle a un petit down elle aussi. Je mange tranquillement en placotant avec elle à ses côtés. Il ne faut pas que ça dure trop longtemps car ce n’est pas permis et je pourrais être disqualifiée. Après une minute ou deux, je prends tranquillement les devant et nous nous perdons une première fois. Je suis vraiment contente de l’avoir vue.

Quelques kilomètres plus loin, c’est de nouveau la longue descente et Mélanie me dépasse couchée sur ses barres!

« C’est pratique d’être plus lourde », qu’elle me dit en riant et elle me sème. Je trouve ça rigolo et maintenant, j’ai un lapin!

Lorsque je retrouve ma piste de course après la descente, mon énergie est revenue. Je roule à 34 km/h, soit 2 de moins qu’à l’aller. Ça va bien même si le vent s’est levé et tranquillement, je rattrape Mélanie.

« Ah, ah, maintenant ça ne descend plus! », que je lui dis en riant. On a du fun toutes les deux puis je reprends les devant.

RALLONGE - 2e TOUR

« Phil, Phil, where are you »!

« I'am here! I love you Sweetheart. I love you » !

Ça me donne la chair de poule de recroiser mon Papa Bear de nouveau lorsque je m’enfonce dans la rallonge.

Au turn around, à l’autre extrémité, je réalise la force du vent. Oh boy, ça ne sera pas facile de revenir. Pour la deuxième fois, je sens mon énergie baisser. J’ai 150 km dans les jambes.

Lorsque je quitte la rallonge, je m’arrête un court instant pour serrer mon Papa Bear dans mes bras, tel que je l’avais promis. Ça me fait énormément de bien.




Alors je le serre dans mes bras une deuxième fois et je repars. Pas facile.

CINQ MINUTES D'EXTASE

Au fil des kilomètres et des côtes à monter au retour, l’énergie baisse de plus en plus. Parfois, ma vitesse descend à 9 km/h dans les montées. Ayoye. J’aimerais bien m’arrêter mais c’est hors de question. Je lutte avec moi-même. Je n’ai pas de raison d’arrêter… Alors je m’en cherche une…

Je m’accorde le droit d’arrêter au prochain point d’eau s’il y a des toilettes. Je n’ai pas encore uriné depuis le début de mon vélo (plus de 6 heures) alors j’ai le droit d’aller faire pipi.

Je m’accorde le droit même si en fait, je ne ressens pas du tout le BESOIN d’uriner !

À 170 km environ, (ma vitesse est autour de 16 km/h) j’aperçois enfin des toilettes chimiques! Je confie mon vélo à un bénévole et courre me cacher dans un « port a potty ».


L’EXTASE TOTALE! Assise à ne rien faire. Ahhhhhh ! C’est génial.

L’odeur des excréments se transforme en un doux parfum.

Et je reste là pendant environ 5 minutes à savourer pleinement ce moment.

Mais je dois repartir. Alors je quitte ma bulle, fais le plein de Gatorade, mange un peu, et enfourche ma monture.

Ma vitesse passe à 30 km/h! Ce fut un arrêt extrêmement payant!

TRANSITION VÉLO / COURSE

Dans l’ambiance survoltée de la ville, je grimpe les dernières côtes en valseuse. Je me sens invincible. Lorsque je débarque de mon vélo, Éric D., France C. et Christine D. (des membres de mon club) sont présents pour m’accueillir en tant que bénévoles.

Je serre les deux filles dans mes bras très fort. J’ai l’impression de débarquer sur une autre planète.

J’ai parcouru 180 km en 6 :54 :18. Près de 6 minutes de moins que mon objectif. Je suis encore en avance sur mon temps!

J’ai nagé. J’ai roulé. Maintenant, je m’en vais courir.

Ma copine Christiane vient me donner un coup de main pour ma transition. Je fais 2 erreurs. Le ciel est couvert, je suis persuadée qu’il va pleuvoir alors je ne prends pas ma casquette et je décide de laisser mes lunettes fumée ici. Erreur, parce que le soleil sera sans pitié tout au long du parcours.



Et malheureusement, j’échappe mes pilules de sel sans m’en rendre compte.

Je ne sens absolument pas ma transition vélo/course dans mes jambes. C’est fantastique.





J’aperçois ma copine Sylvie derrière une barrière tout juste en sortant de la zone de transition. Je suis tellement contente qu’elle soit là! C’est elle qui m’a mise au défit la première fois de courir un 10 km. C’est elle avec son conjoint Jean-Pierre qui a allumé en moi cette passion qui m’a conduite aujourd’hui ici à Lake Placid. Dans l’énervement, je passe tout droit sans la serrer dans mes bras.

Plus loin, se trouve Valérie. Ma petite Valérie! Je la serre très fort. Puis ensuite, c’est le tour de Guillaume. Mes deux copains qui depuis le début de mon aventure en triathlon ont suivi ma progression et m’ont encouragée. Ils sont là aujourd’hui et je l’apprécie tellement!



MON MARATHON

Je ne veux absolument pas connaître mon chrono total avant de franchir le fil d’arrivée. Et même si je sais combien de temps ma nage et mon vélo m’ont pris, je n’effectue aucun calcul. Je n’ai aucune idée de l’heure et c’est parfait.

J’allume tout de même mon ordinateur de course afin de surveiller ma vitesse. Je tiens absolument à courir lentement et très confortablement. Mais je ne regarde jamais le temps qui passe.

Mon objectif est de compléter mon marathon en 4h15. Ce qui représente un pace de 6 min/km.

Le trajet débute par une descente… comme à Boston. Mon ordi indique 4 :50/ km. Ralentis Hélène, ralentis. C’est ce que je n’arrête pas de me dire. Mais je me sens vraiment très confortable à ce rythme. C’est ça le piège. Le deuxième piège à cons : partir trop vite. Alors je ralentis… autour de 5 :30/km jusqu’au premier turn around.

En me rendant, je croise Karine, une autre membre de mon club qui est bénévole à un point d’eau. Elle me prend par la main et nous courons côte à côte pendant une dizaine de secondes. Ça me donne la chair de poule. Je lui dis à quel point c’est fantastique et à quel point elle aimera son expérience l’an prochain. Je me sens euphorique. Tout se passe tellement bien. Je n’arrête pas de sourire!

Au retour, ma vitesse moyenne sera de 5 :40/km. Je parcours donc ma première boucle de 21 km en environ 2 heures. Excellent.

DEUXIÈME BOUCLE

C’est dans ma deuxième boucle que je commence à avoir des problèmes intestinaux. Je dois m’arrêter à plusieurs reprises aux toilettes et ça casse mon rythme. Ma vitesse ralentie et pour la première fois, je commence à marcher.

Je me bats avec moi-même et me fixe des objectifs facile à atteindre. Courir jusqu’à la prochaine touffe d’herbe puis marcher jusqu’à l’éponge par terre. Courir jusqu’à la clôture puis marcher jusqu’à l’arbre.

Il y a un bouton « on / off » dans mon cerveau et c’est de plus en plus difficile de le ramener à « on ». Mais je garde le sourire.

Je sens mes doigts s’engourdir et ça m’inquiète. Il me reste 10km à parcourir et j’ai peur de faire une chute de pression. Ça m’arrive parfois lorsque je traverse les fils d’arrivée. Mais je ne suis pas encore rendue au fil d’arrivée!

Alors je décide de marcher, tout simplement. Ça ne me dérange pas du tout moralement. Je sais que si je marche, je vais terminer mon Ironman. Et c’est ça mon objectif. Alors je garde le sourire tout en essayant de me convaincre de manger. Je me parle.

« Mange Hélène. »
« Ça me tente pas …»
« Mange Hélène ! »
« Ça ne me tente pas ! ! ! »

Le Gatorade, les pretzels, les barres, les blocks de jujubes, les biscuits… Je ne suis plus capable de manger.

Alors je marche en espérant que ce que j’ai déjà ingurgité fera remonter mon énergie. Je veux absolument monter les dernières côtes en courant et j’espère que la switch reviendra à « ON ».

C’est alors que je croise François, Marie-Hélène et David. Ils sont bénévoles à un point d’eau et débordent d’enthousiasme pour m’accueillir. David est un Ironman d’expérience que j’estime beaucoup et il me demande ce que je veux manger.

Rien.

Je lui dis que j’ai les mains engourdies, que j’ai peur de faire une chute de pression. Et ce qu’il me répond me fait énormément de bien.

« Calme toi! », me dit-il. Puis il m’offre toutes sortes de choses à manger. J’accepte de prendre un bouillon de poulet. Je le bois tranquillement en marchant puis, peut-être que le sel du bouillon m'a aidée, la switch passe à « ON ».

Je repars à courir en alternant avec de la marche.

ROCKY

Juste avant d’entreprendre la dernière côte, celle que je veux absolument monter en courant, mes intestins me forcent une fois de plus à arrêter au petit coin. Assisse en train de me vider, je me dis que la seule et unique chose qui manque pour que mon Ironman soit absolument parfait, c’est d’entendre le thème de Rocky. C’est la quatrième et dernière fois que je passe à cette intersection du parcours et je ne l’ai toujours pas entendu bien que cette musique joue en boucle à toutes les demi-heure. Ça m’aurait fait plaisir, que je me dis.

Eh bien au moment même où j’ouvre la porte, le thème de Rocky se met à jouer dans les haut-parleurs.



CLIQUEZ SUR LE LIEN AVANT DE POURSUIVRE VOTRE LECTURE ET LAISSEZ JOUER LA MUSIQUE! ÇA VOUS METTRA DANS L'AMBIANCE :o)

Quand j'entends le thème de Rocky jouer, je ne peux m’empêcher d’éclater de rire! Je lève les bras haut dans les airs et je vole littéralement en grimpant la dernière côte! J’ai l’impression que la foule est en délire total avec moi.

Je suis une fois de plus INVINCIBLE !

Il ne me reste que quelques kilomètres à parcourir lorsque je croise mon amoureux et mes amis Valérie et Guillaume.

Mon amoureux que je serre très fort dans mes bras avant de poursuivre mon ascension et de fondre en larmes.
(ATTENDEZ AVANT DE REGARDER CE VIDÉO, SI VOUS NE VOULEZ PAS PERDRE LE THÈME DE ROCKY AVANT LA FIN DU TEXTE!)


Et les larmes, c’est très efficace pour avoir la foule de son côté! C’est le délire total!

Ça y est. Tous ces mois d’entraînement, toute cette volonté d’y parvenir ont porté fruits. Je le vois. Il est là. Mon fil d’arrivée.

Je me sens incroyablement bien. Totalement en paix avec moi-même.

Les deux bras levés au ciel, le sourire aux lèvres, euphorique, je le franchis ce fil d’arrivée. Après 3,8 km de nage, 180 km de vélo et un marathon, je le franchis en 13;06;13.

HÉLÈNE, YOU ARE AN IRONMAN !






MES SACS DE TRANSITION

SAC no. 1 : Morning bag.
J’insère une barre « Marie-Claire » et un jus. Ainsi, je pourrai manger un petit quelque chose de supplémentaire en attendant le départ. Il y a évidemment mon wetsuit, mes lunettes de nage, du body glide. (Ça ressemble à un tube de déodorant mais sa fonction est de prévenir les brûlures provoquées par le frottement. J’en mettrai dans mon cou, sous mes aisselles et à d’autres endroits plus intimes!)

Mes vêtements « de ville » que je porte le matin seront déposés dans ce même sac et me serviront après la course. Ah oui, il y a une tuque.

Ma puce électronique est également dans ce sac. Cette puce que je place à ma cheville sera détectée par les tapis de Sporstats placés à des endroits stratégiques au long du parcours. Ainsi, mon temps de passage sera enregistré à chaque fois.

SAC NO. 2 : transition nage / vélo
Il y a beaucoup de stock dans celui là. Tout d’abord, ma nutrition. J’ai déjà placé 3 barres énergétiques sur mon vélo et les 3 autres se trouveront dans ce sac. Je mettrai les barres dans les poches de mon « singlet » (ma camisole de vélo). Il y a également des « pilules de sel » pour remplacer les électrolites que je perdrai en transpirant.

Et évidemment : mon dossard, mon casque, mes lunettes fumées, mes gants de vélo, de la crème solaire, un imperméable, des « arm warmers » (manches amovibles, au cas où il ferait froid) et des bas.

J’ai également une petite serviette pour m’essuyer les pieds avant d’enfiler mes bas.

SAC NO.3 : transition vélo / course.
J’y place mes souliers de course, évidemment. De la nutrition supplémentaire, des pilules de sel et une casquette. J’y ajoute mon deuxième dossard, au cas où le premier serait trop abîmé durant le vélo et une deuxième paire de bas. Je préfère être certaine d’avoir les pieds bien au sec avant d’entreprendre ma course.

Malheureusement, j’oublie de mettre de la crème solaire.

SAC NO. 4 : Special needs pour le vélo.
Sur mon vélo, j’ai rempli ma bouteille « Profil Design », installée sur mes aérobars, de Gatorade. Ce sera le seul liquide que je transporterai sur mon vélo. De quoi m’hydrater pendant une trentaine de kilomètres. Je préfère me ravitailler en chemin (tous les 15 km environ) avec ce que l’organisation fournira aux points d’eau.

Si jamais je n’aime pas le Gatorade qui sera distribué, j’ai inséré 3 bouteilles de vélo avec mon mélange de Gatorade à moi dans ce sac. Les sacs « special needs » sont disponibles après la première boucle de vélo à une station d’aide installée à l’entrée de la ville. Je pourrai donc m’y arrêter si nécessaire et refaire le plein.

Je ne m’en servirai finalement pas durant ma course.

SAC NO. 5 : Special needs pour la course.
J’ai décidé de ne pas l’utiliser.

mercredi 22 juillet 2009

Bobos bizarres


Il y a des petits bobos auxquels on ne s’attendrait pas lorsqu’on augmente le volume d’entraînement. Eh bien à force de changer de vitesses sur mes plateaux (mon vélo est monté en Campagnollo), je me suis retrouvée avec une tendinite au pouce gauche et le petit doigt de la même main qui barre la nuit complètement replié sur lui-même. Et ça fait mal! Le petit con, il faut que je l’aide à se déplier. Mais bon, on a vu pire.

Mon bilan en kilomètrage

Depuis le 1er janvier, j’ai couru au minimum 1172 km.
Ma plus grosse semaine : 75 km.

J’ai roulé autour de 3800 km.
Ma plus grosse semaine : 376 km.

3 crevaisons.
J’ai monté et démonté mes roues à 7 reprises cet été. Si j’ai une crevaison, je suis prête!

J’ai nagé environ 110 km.
Je suis moins précise dans cette discipline car en lac, c’est moins évident de mesurer ses distances.
Ma plus grosse semaine : 8.6 km.

Du haut de mes 5 pieds et ½ pouce, j’ai donc parcouru plus de 4300 km en trimballant mes 101.5 lbs.

Dimanche je vais parcourir 226 km. Il me semble qu’avec tout ça, je suis prête.

Helene DNA

Mon kit Canada rouge, j'ai choisi de le porter pour son confort. Mais il représente aussi beaucoup pour moi.

Je le portais lorsque je me suis qualifiée pour le marathon de New York.


Je suis montée sur le podium aux côtés de Jacqueline Gareau en le portant. Ma premier médaille "overall" en demi-marathon.


Je le portais lors de mon Timberman, l'an dernier. Lorsque je rêvais de me qualifier pour Clearwater et que j'ai pris la décision de faire mon Ironman non pas dans le but de le terminer, mais dans le but de performer.


Mais au delà de tous ces événements, c'est lors de mon premier Championnat du monde à Vancouver que je l'ai porté la première fois. Dans les eaux froides du Pacifique, entre deux vagues, c'est dans ce petit kit Canada rouge qu'Helene DNA est née.

Kit Canada

Je porterai le numéro de dossard 2226 et mon kit Canada rouge.

Bibittes et papillons

J'ai eu des bibittes dans la tête les dernières semaines avec mes crises d'angoisse. Aujourd'hui, j'ai des papillons dans le ventre! C'est beaucoup plus agréable! Il me reste un seul dodo à la maison avant de partir pour ma grande aventure!
Ahhhhh!

mercredi 15 juillet 2009

Quand c'est assez

Hier j'ai parlé au téléphone avec mon coach. En fait, c'est lui qui parlait parce que moi, je pleurais.

Je me sens complètement crevée. Mes batteries sont à plats.

Pu capable.


Mon coach m'a suggéré d'imprimer mon programme d'entraînement de la semaine, de le déchirer et de le jeter à la poubelle. Il faut que je me repose et que je fasse uniquement ce dont j'ai envie.

Bon, j'ai imprimé mon programme... mais avant de le déchirer ou de le jeter, je l'ai mis en dessous d'une pile de trucs qui traînent sur mon bureau. Au cas où...

Aujourd'hui, je suis allée me faire masser puis j'ai arraché des mauvaises herbes dans mes plates-bandes. Mes vivaces étaient en train de mourrir étouffées... comme moi!

Ça m'a fait du bien de tout arracher. Pas de chrono. Pas de "heart rate monitor". Pas besoin de GPS non plus, je sais où je suis et le trajet est minimaliste! Aucune vitesse. Du surplace!

Il me reste une dizaine de jours avant mon Ironman. La seule chose qu'il me reste à faire pour me préparer, c'est de recharger mes batteries. C'est ça qui me fait pleurer ces jours-ci: la fatigue.
Ce n'est pas le stress. Je ne suis pas inquiète pour le jour "J". Je sais que j'ai fait ce qu'il fallait pour me préparer. J'ai confiance en mon endurance et en ma persévérance. Je vais le franchir ce fil d'arrivée et je vais vivre chacune des étapes pleinement et avec beaucoup d'émotions! Je suis comme ça, c'est ma marque de commerce!
Qui veut parier sur le nombre de "up & down" que je vivrai durant mon Ironman?


Peut-être que ce que je devrais me faire tatouer, c'est DNA:

DID NOT ABANDON.

Parce que je n'ai pas l'intention d'abandonner.

JAMAIS.

Ironman 70.3 Rhode Island, Providence


Dernière destination avant mon Ironman: Providence dans le Rhode Island. Nous nous rendons là-bas car mon amoureux prendra le départ de son premier demi-ironman de la saison. Nous partons le jeudi 9 juillet tard dans l'après-midi. Nous partageons les 7h30 de route en deux portions. Nous nous arrêtons donc pour la nuit à mi-parcours dans le New Hampshire.

Le lendemain, nous nous rendons sur le site de l'exposition afin qu'Éric ramasse son sac d'athlète et termine son inscription. Pendant qu'il assiste au brieffing destiné aux participants, je profite du service de massothérapie disponible sur place. Éric magasine un peu puis nous allons voir le site. Il s'agit en fait du site de transition no.2, celui de la transition vélo/course et l'endroit où est également situé le fil d'arrivée.



Le départ, lui, aura lieu à Narragansett, située une quarantaine de kilomètres plus loin. Les athlètes nagent dans la mer (1.9 km) puis enfourchent leur vélo (zone de transition 1 sur la plage) pour parcourir 90 km avant de parvenir à la deuxième zone de transition à Provindence où se fait la portion course à pied dans les rues de la ville (21.1 km de course).





Deux zones de transitions, c'est de la gestion. Alors que nous couchions à Narragansett pour être plus près du départ, nous avons dû retourner à Providence le samedi pour aller porter le sac de transition vélo/course d'Éric.

Pour nous y rendre, nous avons emprunté le trajet de vélo afin qu'Éric puisse visualiser un peu sa course. Et comme je devais rouler 1h30 cette journée-là, il m'a déposée sur le trajet pour que je m'entraîne un peu et que lui donne mon avis.
Ce fut très déplaisant. Il y avait énormément de circulation. L'accotement était minuscule ou carrément inexistant et il y avait également de larges et profondes "trappes de sable". Les nombreux arbres me protégeaient du soleil avec les ombres qu'ils projetaient sur la route mais ces ombres, malheureusement, m'empêchaient de bien voir les "trappes de sables". À deux reprises, en passant dans la pénombre de viaducs, j'ai perdu le contrôle de mon vélo en roulant justement dans le sable. Honnêtement, je me serais bien passé de cette balade à vélo. Et ne je savais pas trop quoi dire à Éric qui attendait mes commentaires. Comment lui dire que j'étais vraiment inquiète pour lui car je considérais le trajet comme non sécuritaire!

En fait, je m'inquiétais pour rien. Nous nous sommes trompés de chemin et le trajet qu'Éric a emprunté pendant sa course était bien sécurisé et balisé.

Après ma sortie de vélo, nous nous sommes rendus à la plage afin qu'Éric puisse avoir une idée de ce qui l'attendrait le lendemain. Il y avait des vagues et l'eau n'était pas très chaude. J'ai enfilé mon wetsuit pour l'accompagner comme il l'avait fait pour moi au Championnat du monde à Vancouver.





Ça ne me tentait pas, mais pas du tout! J'avais probablement les yeux ronds et très grands ouverts sous mes lunettes! On ne peut pas dire que j'aie nagé. J'ai tenté tant bien que mal de garder mon calme entre 2 vagues. J'ai tout de même suivi Éric. Nous avons testé les vagues de face, de côté et de dos! Voilà, ma B.A. de la journée était faite. J'étais bien contente de retourner les deux pieds dans le sable.





Le dimanche matin, journée de la course, le réveil sonne à 4h15. Le départ d'Éric est prévu à 6h30 mais le vent et les vagues, qui ont déplacé les bouées durant la nuit, obligent les organisateurs à retarder le début de l'événement d'une bonne vingtaine de minutes. Les conditions de la mer sont telles que, fait rarissime, on offre la possibilité aux athlètes de ne pas nager! Ceux qui le préfèrent peuvent décider de n'effectuer que les portions vélo et course. Bien-sûr, ce choix signifie qu'ils ne sont pas éligibles aux médailles et aux "spots" pour Kona et Clearwater.



Mon amoureux décide d'affronter la mer.


Je le trouve courageux et je suis très fière de lui.

Lorsqu'il s'élance vers les vagues avec les athlètes de son groupe d'âge, je me mets à pleurer. Je repense à mon expérience à Vancouver dans l'eau froide et secouée par les vagues. Heureusement pour lui, la température de l'eau est un facteur négligeable.


J'assiste également au départ de Vincent, un copain triathlète qui était également à Vancouver mais qui lui n'avait pas pu nager là-bas étant donné que la portion nage avait été annulée pour les hommes. Cette fois-ci, il prend sa revanche et s'élance dans la mer avec la dernière vague de départ, celle des plus jeunes athlètes!






Lorsqu'Éric sort de l'eau, je suis très agréablement surprise par son chrono.




Je lui crie que je l'aime, qu'il est super, le prend en photo et le filme puis je le regarde s'éloigner en vélo.






J'attends que Vincent sorte également pour immortaliser sa transition puis saute dans la voiture pour me rendre à Provindence, presqu'une heure de route plus loin.







La zone de transition no. 2 est pratiquement vide lorsque j'arrive. Seuls les pros et quelques rares "age groupers" ont terminé leur vélo. En fait, les pros débutent leur deuxième boucle de course à pied! Le décors est magnifique et l'endroit vraiment bien choisi.

Je m'en vais directement là où les athlètes débarquent de leur vélo et tranquillement, je me fraie un chemin pour obtenir la meilleure place possible pour prendre des photos. J'attendrai près d'une heure en encourageant bruyamment les participants avec ma clochette et ma voix.




Tout à coup, j'aperçois mon amoureux qui arrive et débarque comme un pro de sa monture. Go! Go! Go! Mon amour!






Ce qu'il y a de bien avec le parcours de course, c'est que je peux emprunter un raccourci et croiser mon amoureux à deux reprises en moins de deux kilomètres.




Je me dirige ensuite rapidement vers la fameuse côte où je l'encourage de nouveaux.





À son retour de la boucle, même principe, j'emprunte le raccourci et peux le retrouver un peu plus loin.







De voir les athlètes et de sentir l'ambiance me donne une adrénaline qui est franchement bienvenue. Oui, j'ai hâte à mon Ironman. Bientôt ce sera mon tour.





Et lorsque je vois l'émotion sur le visage des "finishers", il n'y a aucun doute à mon esprit: je vais le franchir ce foutu fil d'arrivée le 26 juillet prochain.






vendredi 10 juillet 2009

La lumiere au bout du tunnel

Le lendemain de cette longue sortie de vélo autour de Whiteface, mon amoureux décrète que je prends une journée de congé. Ça me fait du bien: ne rien faire. Tranquille sur notre terrain de camping, je photographie des insectes, je nettoie mon vélo, je fais des étirements et de la physio et ... je mange. Je mange énormément ces dernières semaines. Ce que je préfère, des cachous trempés dans le nutella! Et je peux en manger une tasse entière après avoir englouti du yogourt, des muffins, des barres "Marie-Claire", du fromage et bu des tonnes de lait.

Comme je ne suis pas parvenu à faire tout le volume que je voulais à Lake Placid, j'insiste auprès de mon amoureux pour faire une dernière grosse journée de bricks le lendemain avant de quitter pour la maison. La douleur que je ressentais sous le genoux sous la pression de mes doigts a disparu... et j'aimerais bien aller courir un petit peu.

Alors le lendemain matin, je pars tôt. Il fait beau et il n'y a pas de pluie à l'horizon. Enfin.

Je roule un premier 50 km. Je me sens fatiguée au retour. Dans ma tête, mon entraînement s'arrêtera après mon premier brick de course: 5 km. Je cours très lentement, autour de 5 min 45 / km. WOW, je ne ressens pas de douleur. Peppée par cette expérience, j'oublie ma fatique et j'enfourche mon vélo pour 2o km supplémentaires. J'ai hâte de voir comment se passera ma prochaine portion de course: 7 km. Lorsqu'un léger inconfort s'installe, je change de technique de course. Je lève les genoux plus haut et je mouline dans les airs pour une dizaine de foulées. Ensuite, lorsque je recommence à courir normalement, l'inconfort disparaît. Je dois avoir l'air bizarre quand je fais ça, mais je m'en fous. J'utilise cette technique à plusieurs reprises et termine mes 7 km sans douleur. Vite, je saute sur mon vélo pour un dernier 20 km puis, un peu nerveuse, je recommence à courir. Cette fois, je pars pour 11 km et utilise mon nouveau truc: alterner la course et le moulinage dans les airs. Ça marche!

De retour au bercail, je sens une grande paix intérieure m'envahir. J'ai roulé 90 km et je suis parvenue à courir 23 km sans douleur! Pas très rapidement, mais sans douleur!

Il y a une lumière au bout du tunnel et je me dirige droit vers elle.

Alléluia!

mercredi 8 juillet 2009

Quatrième semaine: Lake Placid




















C'est ma dernière grosse semaine d'entraînement. Après cela, je serai en taper.

Je n'en peux plus.


Je suis vraiment, vraiment fatiguée.


Je fais des cauchemars à répétitions et je dors très mal.

Le 1er juillet, nous partons à Lake Placid pour 6 jours. On s'installe au North Pole Campground, tout près de la rallonge. J'ai du "gros volume" à faire mais je n'y parviens pas.


La première journée, j'enfile plus de cinq heures de bricks. Le lendemain, ça ne va pas du tout. Après 3 kilomètres de course à pied, je suis incapable de continuer. La douleur qui s'est installée sous mon genoux droit me fait paniquer. Je ne comprends plus rien. La semaine dernière, il y avait une nette amélioration et là, tout se dérègle. C'est infernal comme situation.
Une image me revient constamment à l'esprit, celle d'une bande animée pour enfant où un pantin court et se défait tout à coup en morceaux.

Je suis un pantin désarticulé qui s'effondre par terre.

Je suis totalement déprimée. Après 46 pénibles minutes de course et de marche, je reviens démolie à la roulotte. Le coeur gros, l'oeil humide, je dois poursuivre mon entraînement. Alors j'enfourche mon vélo et accompagnée de mon amoureux, je me dirige vers Lake Placid située 20 km plus loin. Mais s'en est trop. Le moral dans les talons, le sanglot dans la gorge, je pose pied par terre après seulement 2 km et annonce à Éric que je retourne au camping.

Ce que je ressens est épouvantable.
Je suis à Lake Placid et je suis incapable de m'entraîner.

À quatre semaine de mon Ironman, je ne parviens même pas à courir 3 km.

J'ai l'impression d'être une incapable. J'ai honte. Je me sens trahie par mon corps mais j'ai aussi l'impression d'avoir été trop exigeante envers lui également.


Le lendemain, je suis supposée reprendre mon "no where" autour de Whiteface avec mon copain Jean. 140 km de vélo. Vais-je y parvenir? Je n'ai plus confiance en moi. Heureusement, la météo nous incite à repousser notre sortie d'une journée. Après 2 km de nage, Éric et moi enfourchons nos vélo et accompagnons Jean qui doit courir 21 km. Une sortie de vélo hyper mollo pour moi et qui me fait étrangement beaucoup de bien. Je me sens en vacances et il n'y a aucune pression. Mais tout de même, je ne peux m'empêcher de constater que Jean se prépare pour un marathon qui aura lieu en septembre et peut courir 21 km. Je dois courir un marathon dans 4 semaines... Et je ne peux en courir 3.

J'ai 5 marathons à mon actif jusqu'à maintenant et c'est la première fois que je me sens aussi mal préparée.

Le soir, nous soupons en groupe et mon "papa outarde" ainsi que sa conjointe se joignent à nous. Nous partirons tous ensemble pour la randonnée autour de Whiteface le lendemain, samedi. Daniel m'informe qu'il ira courir 32 km dimanche.

32 km. Pfiou. Je suis complètement à côté de la track à cause de ma blessure. C'est paniquant.


Alors la panique s'installe durant la nuit. Le vent souffle et je n'arrive pas à dormir. Et plus le vent souffle, plus la panique s'installe. Je sens que je vais hyperventiler. Je me sens capoter. Je suis incapable de reprendre le contrôle. J'ai peur. Et si je n'arrive pas à rouler 140 km demain? Le vent tournoie dans ma tête et m'arrache mon air, m'empêche de respirer.

Il faut que je réveille Éric.

Il faut que je le laisse dormir.

Il faut que je fasse quelque chose.


Alors je prends une pilule antipanique... et le vent dans ma tête se transforme en brise, en souffle et enfin, je respire et je m'endors.


Malheureusement, lorsque je me réveille, l'angoisse m'étripe de nouveau.

Nous nous rendons au point de rendez-vous à la plage. Nous devons nager 2 km avant d'enfourcher nos vélos. Les yeux plein d'eau, la voix brisée, j'explique à mes amis que je suis incapable de les suivre aujourd'hui. Leur présence rassurante et stimulante me réconforte puis je me laisse convaincre d'aller au moins nager.

L'eau me fait du bien. Moi qui ai déjà eu des crises de panique en eau libre par le passé, aujourd'hui, je me sens libre dans l'eau. Je me sens bien. Alors je décide de les accompagner à vélo.


Je mise le tout pour le tout. Ça passe ou ça casse.

Et ça se passe super bien!

Mon Pinarello et moi avons un fun fou balancés par le vent. J'ai de l'énergie éolienne! Et bien qu'une bourasque m'envoie valser les fesses dans le sable, j'ai l'impression que plus rien ne peut me faire tomber.


Et c'est l'euphorie totale, le up après le down, lorsque nous revenons à la plage après nos 140 km.